Vieil homme et la guerre (Le)

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Le titre est déjà parfait, bien meilleur que la version originale (Old Man’s War - littéralement, La Guerre du Vieil Homme) et le reste est de très bonne facture. Il y a de l’Hemingway dans ce récit de John Scalzi et c’est bien pour ses réelles qualités de conteur qu’il a obtenu le prix Hugo et le prix Campbell du meilleur nouvel auteur de SF.

Une littérature efficace, construite sur une histoire facileà imaginer et à vivre : l’itinéraire mental de John Perry, un brave Américain moyen, et accessoirement un veuf de plus de soixante-quinze ans, en partance pour une nouvelle vie, un nouveau corps, une nouvelle jeunesse. Pour y parvenir, il doit accepter un étrange marché, celui qui consiste à remplacer une enveloppe charnelle obsolète, mais riche de toutes les expériences tactiles et émotionnelles, par un physique anonyme de play-boy en série : performances améliorées, résistance à toute épreuve, proportions parfaites, esthétique idéale. Le rêve ? Une vie contre une plastique de GI Joe ! Officiellement, c’est-à-dire par rapport à la vieille terre, John est mort, mais pour le reste de l’immense univers, il devient un nouveau petit gars des Forces de Défense Coloniale. Et là, il n’y a pas photo avec l’ancienne vie : il va en voir de toutes les couleurs, avec quand même, il faut bien l’avouer une forte proportion de rouge sang. Bien sûr que le vieillard est d’accord, comme dans toute bonne opération de publicité, mais il y a quand même des contreparties : d’abord il est tout vert (ça doit être le côté écolo de Scalzi) et ça, ça peut gêner les daltoniens convaincus, et puis il est statistiquement promis à une mort quasi certaine. ZUND horrible. Ca, c’est le côté beaucoup moins plaisant, on croit qu’on est du bon côté de la game-boy, et en fait, on fait déjà partie (désintégrante) du jeu, avec les monstres de tous les côtés. Et une putain de partie qui ne s’arrête jamais.

Scalzi nous raconte cet aguerrissement au sens fort du terme et il enseigne, à travers l’apprentissage du vieil homme, la leçon à peine dépaysante d’un monde hyper-guerrier. Et en sous-main, la question de l’intérêt de vivre s’il faut payer de l’annihilation d’un autre être quelques secondes d’existence supplémentaire. Le fusil ou la tombe. Ca vaut bien tout autre slogan.

John Scalzi, Le Vieil homme et la guerre, Illustration : Didier Florentz, Traduction : Bernadette Emerich, 380 p., L’Atalante

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