Ballet de sorcières (Le)

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2004. La première partie du livre nous fera rencontrer une noble famille basque occupée à de sombres travaux. Le Comte Aymond de Bruilh, un peu désargenté, et ses enfants Bertrand et Morguy, tentent d’évoquer un démon en l’extrayant de l"éther" par le sacrifice de jeunes filles.

Arrive une autre jeune fille, étrange, dans laquelle le lecteur averti reconnaîtra bientôt Mylène, l’une des protagonistes du Cycle de R, ensemble de romans fantasy écrits par Jacques Sadoul dans les années 1970, se déroulant dans les "Hautes-Terres du Rêve". _ On retrouve avec plaisir le manoir magique et le fameux Maître-Chat Aï-d’Moloch. La confrontation de Mylène et du monde moderne est des plus piquantes, ainsi que ses discours philosophico-religieux. Enlevant une auto-stoppeuse hollandaise, la famille de Bruilh procède à l’Offrande, mais ne réussit qu’à moitié. Une partie d’un démon surgit en effet pour prendre possession de Bertrand, puis s’enfuira et dévorera moult humains aux fins de survivre sur Terre. Tous, réunis au château basque, enverront l’entité démoniaque… ailleurs, via Morguy, qui l’accompagne.

1609. Deuxième partie et retour vers le passé. Morguy se retrouve, nue, au milieu d’une forêt, en plein sabbat. Nous revoilà à la fin du prologue. Monsieur de la Forêt est le Diable, assurément. Elle est seule, perdue et abandonnée, à l’époque d’Henry IV, ce qui nous vaut de savoureux passages évoquant les désarrois temporels de Mylène dans la première partie. Utilisant les pouvoirs de la partie de démon qui est en elle, elle devient conseillère de Pierre de Lancre, inquisiteur illustre de cette sombre époque de chasse aux sorcières. Tout cet épisode est épatant et très bien écrit. Manifestement, Sadoul est doué pour le roman historique. Mais l’aspect fantastique rôde et Morguy sera prise à son propre piège et capturée pour subir d’horribles supplices (dont la terrible poire d’angoisse).

Je ne vous dévoile pas la fin, évidemment.

Roman passionnant, renouant avec un cycle fort remarqué à l’époque, il témoigne du grand talent de Jacques Sadoul, qui est loin de n’être qu’un brillant essayiste. Intéressante postface historique sur les personnages rencontrés, suivie d’une bibliographie. Car chacun sait que Jacques Sadoul est un maître ès démonologie…

Jacques SADOUL, Le Ballet des Sorcières, Editions du Rocher, 2006, illustration de couverture très préraphaélite de l’atelier Didier Thimonier, 255 p.

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