Rouille
Même s’il s’agit d’un dix-neuvième siècle différent, où en 1897 en France règne Napoléon IV, où il y a des usines sur la Lune qui extraient des métaux, le lunium et l’éternium, où Paris est divisé entre les beaux quartiers, sous le dôme, et des quartiers populaires, les fabriques, la Foire,... où survit une population misérable et où le crime fleurit malgré les efforts du Préfet de police avec ses mécachiens et ses policiers équipés de pistolets à air comprimé, bref un décor de pur steampunk, le roman reprend tout à fait les codes et les rythmes du feuilleton. Sauf que, dans ces autres Mystères de Paris, le héros n’est pas le Prince, mais la malheureuse amnésique Viooante, recueillie par un proxénète et prostituée dans le bordel Jardins Mécaniques sous le pseudonyme Duchesse, qui saura rechercher le secret de son passé avec la force et le courage d’une héroïne. Ceci au moment où le désordre institutionnel est secoué par les crimes d’un assassin introuvable qui enlève les enfants, les femmes, voire des ouvriers des fabriques, particulièrement parmi les consommateurs d’une nouvelle drogue, la rouille.
Comme dit plus haut, ce roman adapte les codes et la rédaction d’un roman feuilleton et plaira autant aux nostalgiques de celui-ci qu’aux jeunes actuels. Bien sûr la vraisemblance en prend parfois pour son grade, mais il s’agit de lire une histoire passionnante, pleine de rebondissements, pas une thèse sociologique ! Dans la mesure où la divergence avec notre histoire n’est ni signalée ni étudiée, peut-on parler d’uchronie ? L’étiquette steampunk est, elle, certainement adaptée puisque les méthodes scientifiques et les techniques évoquées sont totalement datées.
Rouille de Floriane Soulas, Scrineo, 2018. 375 p., couverture d’Aurélien Police, 16€90, ISBN 978-2-37-674-0606-0