Rats de Hamelin (Les)
Chargé de fournir aux États-Unis une arme révolutionnaire, John Dougherty se heurte à deux difficultés majeures : Eli Weisman, le seul scientifique capable de doter des robots de combat d’un cerveau efficace, est un pacifiste cocaïnomane réticent à aider les militaires ; et Paul Teofinua, favori des élections présidentielles à venir, rêve de désarmement mondial.
Tandis que Dougherty et Weisman, tous deux convaincus d’œuvrer pour le bien commun, s’opposent sans relâche, Paul Teofinua se rapproche de la victoire finale.
Mais la menace qui plane réellement sur l’humanité n’est ni celle imaginée par John Dougherty le nationaliste ni celle redoutée par Eli Weisman l’antimilitariste.
Durant les années quatre-vingt-dix, rares furent les auteurs francophones à pouvoir pousser la porte de la collection Terreur des éditions Pocket. A l’époque, les Anglo-saxons régnaient en seigneurs et maîtres sur le genre (voire sur les genres…) et l’idée même de voir un auteur français s’aventurer dans ces univers (et espérer en faire une carrière…) était saugrenue. Lorsque le nom de Jean-Christophe Chaumette attira mon regard, sur la couverture à dominante noire/rouge posée sur l’étagère de ma librairie de prédilection, je marquais le pas. « Chaumette » ? A moins qu’un auteur canadien ne se soit lancé dans l’aventure du genre, cela sonnait vachement francophone, comme nom ! De fait. Un Français avait osé. Et un éditeur lui avait ouvert les portes d’une visibilité dont peu auraient pu rêver. De plus, L’arpenteur des Mondes suivi quelques temps plus tard par L’aigle de sang dans la même collection étaient de solides romans de genre, charpentés avec professionnalisme, portés par des personnages intéressants et traversés de scènes spectaculaires.
Dans l’ensemble, le reste de l’œuvre de Jean-Christophe Chaumette, qui flirte avec tous les genres, reflète son amour pour la littérature populaire, sa fascination pour les dérives de la nature humaine et un attachement aux grandes plumes du best-sellers comme King, Crichton, Koontz ou encore Masterton.
Le voilà donc de retour, Jean-Christophe Chaumette, avec une aventure épique, un roman qui puise son inspiration dans la vague des techno-thrillers de la fin des ‘90, tout en abordant des thématiques très actuelles. Depuis les investisseurs cyniques, jusqu’aux assoiffés de pouvoir, en passant par les naïfs défenseurs d’un « autre modèle », Les rats de Hamlin s’appuie sur des personnages finement croqués pour raconter en mode majeur, la profonde mutation de notre civilisation moderne. Sur un rythme soutenu, Chaumette joue une partition classique, mais toujours intéressante, et convoque l’éternelle question sur la science et la conscience. Au fil du roman, les enjeux se cristallisent et le lecteur n’est jamais à l’abri d’une surprise ! Et c’est tant mieux.
La qualité de ce récit est à chercher, aussi, du côté du mélange des genres. Chaumette ne se cantonne pas dans les limites étroites d’une écriture marketée… ce qui permet à son imaginaire de se déployer en toute liberté. On regrettera simplement, par moment, que l’évident enthousiasme de l’auteur pour son texte l’entraîne vers quelques longueurs.
Mais c’est un tout petit tribut à payer pour un roman qui évite les écueils de l’écriture calibrée. On voudrait croiser plus souvent de ces histoires où l’imaginaire et le divertissement avancent de pair, sans s’enfermer dans une formule trop attendue.
Les rats de Hamelin par Jean Christophe Chaumette, Evidences Editions