Harry Potter et les reliques de la mort

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Bon cette fois, ça y est ! Le dernier volume des aventures du petit magicien à lunettes est dans toutes les librairies depuis cette nuit ; les fans vont se sont ruer sur les six cents dernières pages de la saga avec l’avidité d’un chercheur d’or lâché en pleine Sierra Madre et les médias ont parfaitement joué leur rôle de caisse de résonance, surmultipliant l’effet Potter.

Mais nonobstant le fait que je viens de rédiger une phrase dont la longueur me surprend tout autant que vous, qu’en est-il réellement de cette septième aventure du sorcier le plus connus après Merlin L’Enchanteur ?

Dans le respect d’une ligne éditoriale, pas question pour moi de jouer les spoilers enragés en vous détaillant, page par page, les personnages « principaux » qui mordent la poussière lors de ce baroud d’honneur contre Voldemort le Maléfique. Quant à l’histoire, si vous avez lu les six autres volumes, vous en connaissez les grandes lignes : à l’aube de son dix-septième anniversaire, Harry Potter est des plus vulnérables. Lord Voldemort a regagné la quasi-totalité de ses pouvoirs et les multiples sorts qui protégeaient le jeune adolescent perdront tout effet lors du fatidique passage à l’âge adulte. Pour vaincre le maître des ténèbres, Harry, Ron et Hermione n’ont qu’une seule solution : retrouver les horcruxes dans lesquels Voldemort a enfermé les parcelles de son âme afin de les détruire… et ainsi anéantir le Mal incarné. Mais les choses ne seront pas aisées, dans un monde où les ténèbres gagnent chaque jour en puissance et où les Mangemorts se font de plus en plus nombreux…

Alors que me reste-t-il à aborder ? L’essentiel. Le talent avec lequel J.K. Rowling mène son immense saga, débutée il y a dix ans, vers une conclusion non seulement passionnante, mais taillée dans une prose qui témoigne de l’évolution, de la maturation de son style.

Certes, comme à son habitude, Rowling laisse, durant les deux cents pages centrales du roman, ralentir le rythme de l’intrigue jusqu’à ce que pointe un soupçon d’ennui… Mais c’est pour mieux repartir dans un final de près de deux cents pages également, sans doute les meilleures de toute la saga. Avec assurance, une connaissance jamais démentie de l’univers qu’elle a mis sur pied – en refermant ce septième tome, il n’y a plus aucun doute, Rowling savait exactement où elle allait – doublée d’une incroyable maturité, miss J.K. remporte la mise sans jamais la jouer « petit bras ».

A la différence d’autres héros récurents, Harry Potter a vieilli au fil du temps. Comme ses lecteurs, il affronte dans ce dernier volume, de façon atrocement réaliste et évidement métaphorique, l’entrée dans l’âge adulte. Un âge adulte où aucune concession à la réalité ne peut être consentie. Etrange de parler de « réalité » dans un univers où la magie prend une place aussi importante ? Non. Car si la magie est une vraie toile de fond sur laquelle Rowling peint les diverses nuances de sa saga, les thèmes abordés sont ceux de notre quotidien. La mort, l’amour, le racisme, la corruption, les manipulations, l’amitié, la peur… Il est d’ailleurs très intéressant de constater, au final, que Voldemort et sa clique ne sont pas à la recherche d’un anneau magique, d’une arche d’alliance ou d’un sceptre lumineux. Non. Seul le pouvoir absolu les intéresse. Un pouvoir qui ne peut être détenu que par des sorciers de sang pur. Un sous-texte profondément humaniste, antiraciste, courageux même, qui s’éloigne des visées parfois élitistes d’autres grandes sagas de fantasy.

La première fois que j’ai rencontré Harry Potter, c’était un petit garçon étrange, enfermé entre les pages d’un roman pas très épais, dont peu de gens avaient entendu parler. Le petit garçon a grandi, pour devenir un phénomène planétaire, une machine à dollars portée par la magie du cinéma… Mais en refermant « Les Reliques de la Mort » j’étais très heureux de constater que J.K. Rowling, loin de laisser l’enfant de pellicule dévorer son double de papier, avait tranquillement mené son aventure à bon port… et écrit sept romans qui marqueront pour longtemps la littérature de l’imaginaire.

J.K. Rowling, Harry Potter et les reliques de la mort, Traduction : Jean-François Ménard, Illustration : Jean-Claude Gotting, 818 p., Gallimard Jeunesse.

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