Guerre des règnes (La)

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« Note de l’Auteur  : J’ai découvert Rosny dans un gros volume intitulé Récits de science-fiction, paru en 1973 aux éditions Marabout ». Ainsi Serge Lehman termine-t-il l’imposante postface de cette anthologie.

Moi aussi, j’ai découvert cet écrivain exceptionnel par le même volume (même si mon édition date de 1975). Avec une introduction de Jean-Baptiste Baronian et une préface par Jacques Van Herp, l’ouvrage faisait 507 pages et contenait vingt textes, contre quatorze pour le présent recueil. En comparant les deux tables des matières, on remarquera que Lehman inclut trois romans non retenus par Baronian, à savoir La Guerre du feu, La Force mystérieuse et Les Astronautes (suite des Navigateurs de l’Infini) alors que Marabout incluait, par exemple, Dans le Monde des variants, Les Hommes-sangliers, L’Assassin surnaturel, La Sorcière, ou l’essai La Légende sceptique.

Peu importe, l’essentiel est d’avoir de nouveau à notre disposition les plus grands textes de Rosny relevant de l’Imaginaire - même si La Guerre du feu est un pur roman préhistorique, sans connotation SF, contrairement aux Xipéhuz. Serge Lehman, lui-même auteur de SF reconnu, a toujours défendu et illustré la SF française. Rappelons-nous l’anthologie Chasseurs de chimères, parue en 2006 chez Omnibus. La thématique de son introduction d’alors, Hypermondes perdus, se retrouve ici, largement reprise. Il s’interroge sur les raisons de l’oubli entourant Rosny Aîné : écartèlement entre les sciences et la littérature, vieillissement de l’écriture, effacement soudain de la SF française après la deuxième guerre mondiale. Sa biographie de Rosny se confond bientôt avec l‘histoire même de la SF en France. Celle-ci ne se serait-elle pas assez émancipée du style psychologique « bourgeois » qui caractérise la littérature générale hexagonale, aspect inexistant dans le monde anglo-saxon ?

La seconde partie de la postface explique la démarche de l’anthologiste quant à la forme de son recueil. Après en avoir éclairci le titre (les « Règnes » sont minéral, végétal et animal), il définit la pensée de Rosny comme celle d’un intermédiaire entre l’Homme et l’Univers, d’où une organisation strictement chronologique quant à la thématique des textes : de la Préhistoire (La Guerre du feu) à l’avenir le plus lointain (La Mort de la Terre), sans tenir compte des dates d’écriture. Cette chronologie « interne » fait, de l’ensemble des textes retenus, une sorte d’ « Histoire du Futur », parfaite synthèse de l’équilibre constant que Rosny voulait établir entre la science et la littérature, basé sur une empathie profonde envers la théorie de l’évolution.

L’ensemble de l’œuvre, animée tant par un souffle épique hugolien que par une rêverie de poète quasi mystique, forme une fresque géante, unique en France et dans l’histoire de l’Imaginaire mondial. Outre les trois romans déjà cités, le recueil contient les nouvelles et courts romans suivants : Les Xipéhuz, Le Trésor dans la neige, Le Voyage, Nymphée, Les Profondeurs de Kyamo, La Contrée prodigieuse des cavernes, La Jeune Vampire, Un Autre Monde, Le Cataclysme, Les Navigateurs de l’infini et La Mort de la Terre.

A lire ou à relire d’urgence.

Serge Lehman présente LA GUERRE DES REGNES de J.-H. Rosny Aîné, coll. « Les trésors de la SF », Bragelonne, Paris 2011, photo de couverture : Thomas Schmitt, 785 p., 28 euros

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