Face contre ciel
Autrefois, Busaras obéissait aveuglément aux ordres. Il ne connaissait pas ses maîtres. Il ne connaissait d’eux que ce corbeau gravé sur son uniforme. Au nom de ces volatiles, il a tué et torturé. Il est devenu général de l’armée impérialiste. Puis ce fut la défaite. D’abord prisonnier, Busaras s’est ensuite évadé pour disparaître dans les steppes, loin des Hommes, loin des corbeaux. Mais la distance ne suffit pas, les corbeaux réapparaissent, pressés d’achever leur supplice.
« Face contre ciel » traite de la rédemption, de ce long et difficile chemin que l’esprit d’un homme doit suivre pour retrouver son humanité. Ici, il s’agit d’un général d’armée dont l’uniforme rappelle les Waffen SS. Nous savons peu de choses sur ses actes passés. Sur ce point, l’auteur préfère laisser place à notre imaginaire. En fait, ce qui intéresse Ozanam, c’est de se concentrer sur le repenti de son héros, sur cette quête et cet apprentissage de l’autre, avec tous les doutes et toutes les peurs que cela engendre. Pour renforcer ce sentiment torturé du héros, son collègue Bandini a choisi un trait longiligne. Sous son crayon, les corps s’allongent, se distordent, l’étroitesse des rues et la grandeur des immeubles oppressent Busaras. On voit parfaitement les références avec Giacometti. Quant aux couleurs aquarellées, inutile de vous dire que tantôt elles vous glacent, tantôt elles vous brûlent. Rare sont les moments de répit. Il ne me reste plus qu’un mot à dire, enfin deux, très exactement, CHEF-D’OEUVRE !
Titre : Face contre ciel
Scénario : Ozanam
Dessin : Bandini
Editeur : KSTR
Parution : 2007