Miséricorde de l’ancillaire (La), Chroniques du Radch T3

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Ce troisième volume poursuit (conclut ? Ce n’est pas certain, la fin peut très bien n’être que provisoire) les chroniques du Radch. Il ne manque ni d’intérêt, ni de données nouvelles puisque Breq va devoir défendre la station Athoek contre une tentative de reconquête par la faction d’Anaander Mianaai qui a détruit le Justice de Toren. Mais il va devoir gérer en plus les interventions d’un ancillaire venu d’un vaisseau antérieur au Radch et d’un traducteur presger venu juger si le traité entre le Radch et les Presgers n’est pas résilié du fait des humains. Inutile de dire que notre héros va avoir besoin de toutes ses facultés plus qu’humaines, en particulier de l’assistance de son Vaisseau et de la Station, pour survivre et essayer de créer un espace à l’abri des différentes Anaander Mianaai. Ceci étant, la situation finale est loin d’être une paix définitive : il serait utile que notre ancillaire trouve un ou des nouveau(x) type(s) de vaisseau(x) qui donneraient leurs noms aux tomes à venir de cette saga encore inachevée.

 

J’ai écrit que Breq avait eu besoin de toutes ses facultés pour faire face aux périls qu’encourait la station Athoek. Cela ne l’empêche pas de se poser de nombreux problèmes psychologiques ou sociétaux et de réfléchir à la réalité de son univers et aux possibilités d’un avenir différent. Là encore la trilogie reste une histoire ouverte puisqu’elle s’achève par une telle création, qu’il faudra voir vivre dans les éventuelles suites...

 

Cette saga, peut-être encore inachevée, s’avère donc aller bien au-delà de la seule aventure, du space-opera de distraction.

On peut remarquer qu’elle pose aussi, de manière on ne peut plus flagrante, la question de l’opposition entre cohérence, vraisemblance, d’un roman et réalité, expériences réelles : comme tous les personnages de roman, fussent-ils aliens, animaux, intelligences artificielles ou n’importe quoi d’autre, Breq est une émanation de l’imagination de son auteur. Toute fiction, quand bien même elle se prétend réaliste, est la négation même de la démarche expérimentale jugée seule valide en science ; l’expression science-fiction est un pur oxymore, et un roman aussi spéculatif que celui-ci le rend encore plus fragrant qu’un récit pseudo-mémoriel à la Proust... Mais le problème concerne toute la littérature, ce « mensonge vrai », non ?

 

Comme la saga d’Arrakis (Dune), on peut réduire cette trilogie à la création d’un monde passionnant et assez varié. J’espère y avoir aussi trouvé des idées à creuser et espère les revoir...

 

La miséricorde de l’ancillaire, Chroniques du Radch T3 par Ann Leckie, traduit par Patrick Marcel, J’ai lu, 2016. 380 p., 20€, ISBN 978-2-290-11140-6

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