Machines fantômes (Les)

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Présenté comme un thriller, ce roman raconte comment, en les supposant conscientes et dotées de volonté, les IA pourraient, progressivement, prendre le contrôle de l’humanité. À moins, bien sûr, que les itérations fictives qu’elles font avant de modifier leurs réponses aux demandes et leurs opérations soient confirmées par la réalité, mais c’est un autre problème.

Le deus ex machina de l’histoire, celui qui va leur donner les moyens du contrôle, est un certain Hans/Joachim, qui va piéger et forcer à l’aider tout en croyant le combattre les personnages principaux du roman : Adrien le trader, Aurore la chanteuse, Karim le commando, Lou la joueuse de jeux en ligne.

 

Est-il besoin de dire à quel point ce roman m’a fait sentir combien la fiction parcourt un monde imaginaire dont l’auteur a le contrôle total qu’il attribue, dans cette histoire, à son personnage central, Joachim, et aux machines. Combien il est une pure construction de l’auteur-scénariste et ne présente pas la qualité essentielle d’une histoire vraie racontée a posteriori, la réalité expérimentale ?

 

C’est un thriller très bien construit, basé sur une vision du monde et des hommes qui est conforme à l’esprit actuel, mais que je ne partage pas. Trop souvent dans le livre j’ai senti que l’auteur considérait comme un enchaînement inéluctable d’effets des causes proposées, ce qui me paraît possible avec l’aide d’un générateur d’improbabilité dans un monde de Lagrange duquel l’incertitude d’Heisenberg, les théories quantiques et le chaos de Gleick, seraient absents. Le vraisemblable, le roman bien construit par son dieu-auteur, peut, heureusement pour nous, ne pas se révéler réel.

 

À mon avis, c’est un bon roman à lire pour la construction d’un monde possible, mais sans trop de craintes quant à sa possibilité de réalisation future. De crainte ou d’espoir ? C’est une autre question...

 

Ceci étant, la réflexion de la postface de Tristan Garcia reste fondée. La possibilité, évoquée par le roman, de machines plus humaines que les prédateurs humains, doit nous faire réfléchir à notre deshumanisation en cours d’achèvement.

 

Les machines fantômes, d’Olivier Paquet, L’Atalante, La Dentelle du Cygne, 2019, 458 p., couverture d’Aurélien Police, cat 7, ISBN 979-1-036-00012-6

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