Dernier hiver (Le)
Un jour, le ciel est devenu rouge. Les prévisionnistes pensaient que cela durerait le temps d’une éclipse mais le monde a sombré dans une nuit vermillon. Le froid est venu, la neige a tout recouvert, les rivières se sont figées dans le gel, les thermomètres ont affiché des – 30°.
Le monde a basculé dans une ère post-apocalypse.
Les hommes s’adaptent mais la nature aussi et une nouvelle variété mutante de pins envahit tout. Ce ne serait pas trop grave si elle n’était carnivore, cette Malsève.
Les hommes tentent soit de fuir comme les parents de Léa, avec leurs enfants vers Bordeaux et la côte, ou ils luttent pas à pas contre l’envahisseur de chlorophylle.
Johan décide de partir à Bordeaux, pour avoir des nouvelles de Léa. Il a un sérieux problème psy, une double personnalité avec une face brutale et insensible.
Son frère ainé, Théo, déserteur d’une armée sans véritable chef, l’accompagne avec Khalid, leur ami d’enfance.
Fanie, initialement, n’est pas autorisée à les accompagner, à traverser ainsi un monde hostile, avec des animaux mutants cachés dans la malsève, les risques d’une traversée en motoneige, mais elle suit le groupe et se joint à eux après une attaque.
L’épopée sera courte mais intense, les monstres sont partout, jusqu’au bout et parfois sous des traits impensables. Comme l’amour.
Les idées foisonnent dans ce roman, on est véritablement embarqué par le rythme et les créations de l’auteur dans son récit. Et aussi combien elles se tiennent, combien, sans prendre un sujet neuf (le monde après la Grande Catastrophe), Jean-Luc Marcastel arrive à lui donner un vrai souffle.
Mais… mais, ben oui, il y a un mais… la fin ! Ce combat de rues, ces révélations qu’on a toujours aimé celle qu’on ne voyait pas, ca fait cliché.
Mais… mais… les incohérences de récit aussi : une orque mutante, d’accord, mais qui vit dans les rivières… j’ai du mal (c’est un animal marin qui a besoin de plus de profondeur, surtout quand on lit la description de la bête, on a l’impression de mettre un sous-marin nucléaire dans un tuyau). Incohérence aussi, on présente les amis comme s’ils avaient au moins la vingtaine et sur la fin, on les appelle « les adolescents ». Et on ne peut croire que des ados abordent les dangers qu’ils vivent avec autant de maturité et d’expérience.
Mais encore, l’emploi trop fréquent de mots rares. De « sanie » à « pousser muscade », en passant par d’autres, on voit la maîtrise que l’auteur a de la langue française mais cela pèche par l’excès dans une littérature jeunesse.
Une excellente idée dont la fin semble hélas moins soignée.
Le dernier hiver de Jean-Luc Marcastel, illustré par, Hachette Jeunesse, 2011