MAGNIN Florence 01

Auteur / Scénariste: 


Phenixweb : Bonjour Florence.

Florence Magnin : Bonjour,

La première fois que nous nous étions vus, c’était à Rennes, en 2003. L’aventure commencait tout juste pour Emilie. Aujourd’hui, le cinquième et dernier tome de la série vient de sortir. Pas trop dur de dire au revoir à celles et ceux qui ont bercé ton imaginaire pendant tant d’années ?

Réaliser une bande dessinée (à plus forte raison une série), est à la fois un plaisir et une lourde tâche ! L’héritage d’Emilie devait être bouclé en trois albums mais ses développements en ont ajouté deux.. Pour un total de huit années de travail ! Alors non... ni regret ni nostalgie. Et puis, quand une histoire s’achève d’autres projets sont déjà en attente que j’ai hâte de voir naître ! Emilie vit sa vie, c’est une grande fille maintenant.

Emilie est une jeune parisienne, qui vit à Pigalle, au coeur des années folles. Pourquoi avoir choisi de débuter ton histoire dans l’univers des cabarets parisiens de 1920 ?

Il fallait qu’Emilie soit en décalage par rapport aux autres personnages. Elle devait être moderne mais pas actuelle pour que l’on puisse découvrir à la fin son arrière-petite-fille. Les années 20 correspondaient chronologiquement tout en possédant un côté rétro que j’avais d’autant plus envie de dessiner qu’il ne m’était jamais arrivé de le faire. Quant à l’aspect "cabaret", il est venu naturellement, sans doute par association d’idées... Je voulais qu’Emilie soit Parisienne et délurée, qu’elle mène une vie qui lui permette de partir du jour au lendemain à l’aventure et que son environnement soit le plus éloigné possible de la solitude du domaine Hatcliff.


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Les cabarets, mais aussi la fête foraine, le cirque, les gens du voyage, qu’est-ce qui t’attire dans ces univers si particuliers ?

J’ai toujours été fascinée par les roulottes, les voyages... Gamine, j’aurais voulu suivre les cirques qui s’installaient sur la place ! En même temps, il y a dans l’univers de la fête foraine et dans les parcs d’attractions, un côté étrange et même morbide que je trouve très évocateur. La vision d’une fête foraine désertée par le public est quelque chose qui me hante depuis longtemps... sans raison précise et sans que j’aie envie d’en apprendre plus à ce sujet. Je suppose que nous avons tous des images fantasmatiques qui nous rattachent à l’enfance.

Je comparerai l’aventure d’Emilie à un merveilleux rêve que l’on ferait et dont on ne voudrait plus partir. Le monde des fées, le Petit Peuple et la Science-Fiction y sont certainement pour beaucoup. Mais pourquoi mélanger la féerie à la SF ?

Pour la même raison que les années 20 ont servi de décor au début de cette histoire : me changer du médiéval-fantastique, m’offrir la possibilité de visiter d’autres territoires.


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Cela t’a-t-il joué des tours ou au contraire, était-ce un moteur d’inspiration ?

On doit la partie SF à la présence de l’exilé ! Ce personnage était absent du synopsis et c’est son intrusion à la fin du premier album qui a entraîné cette dérive. J’aurais pu éviter de développer son histoire, mais j’ai eu envie... (voir réponse précédente !) Au bout du compte, je ne me suis pas sentie plus mal à l’aise dans cet univers parallèle que dans les années 20 ou parmi le petit peuple.

L’Irlande est le pays des fées par excellence. Y es tu déjà allée ? Qu’ as-tu emprunté à la culture irlandaise pour nourrir ton univers ?

Je suis allée dans le Connemara en 2001 après avoir terminé le "domaine Hatcliff", mais j’avais depuis longtemps engrangé pas mal de documentation sur la mythologie et les coutumes irlandaises. Mon attirance pour ce pays est née à travers sa musique, qui m’a accompagnée tout au long de la création d’Emilie ! Toutefois, à part cette ambiance celtique, l’histoire ne se réfère pas à une légende irlandaise précise... Plutôt à un ensemble de traditions ( la fête des moissons, les portes ouvertes sur d’autres mondes aux dates des anciennes célébrations païennes, les leprechauns etc.)


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Sur 5 tomes, on voyage peu avec Emilie, finalement. De nombreux autres personnages s’imposent et surtout, le côté aventure, la découverte de nouveaux mondes est prédominant. Qui est le véritable héros de ton histoire et en quoi l’est-il ?

Il n’y a pas vraiment de héros (ou d’héroïne) dans cette histoire... Les personnages principaux occupent l’un après l’autre le devant de la scène et leurs récits, comme les pièces d’un puzzle, finissent par former une image unique dans laquelle toutes les questions trouvent petit à petit leurs réponses. Mais un seul d’entre eux sert de fil conducteur, un seul est présent du début à la fin...et c’est Emilie !

Parmi tous les personnages merveilleux que l’on rencontre, lequel te tient le plus à coeur ? Emilie, l’insouciante ? John Hatcliff, l’aventurier ? L’Exilé ? Qui est ton chouchou ?

Mon problème est de les avoir tous aimés ! Il aurait peut-être mieux fallu que l’un d’eux se détache du groupe alors que comme dans un jeu de cartes, chacun dans ce récit a sa propre valeur et sa propre symbolique. Disons tout de même qu’à part Emilie, je pense surtout à l’exilé et à Maeve qui représentent futur et passé, l’univers de la féerie et celui de la SF.


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Pour ceux qui ne te connaitraient pas encore, peux-tu nous faire un petit récapitulatif de ton parcours ?

J’ai commencé à dessiner professionnellemnt en 84 pour Denoël, les éditions Opta, Casus-Belli et le Fleuve noir anticipation. J’ai également travaillé pour des jeux de rôles comme "rêve de dragon" et réalisé les illustrations de la saga des princes d’Ambre de Zélazny pour Présence du futur. Les couvertures de livres sont restées pendant longtemps ma principale activité, avec en parallèle des jeux de cartes (le tarot d’Ambre et un tarot des régions de France), des cartes postales, quelques livres pour enfants, des posters ou des affiches. Ce n’est qu’en 90 que j’ai abordé la bande dessinée avec "l’Autre Monde" scénarisé par Rodolphe (qui devait paraître d’abord au Vaisseau d’Argent avant d’être repris par Dargaud). Mary la Noire a suivi deux ans plus tard ( toujours scénarisé par Rodolphe) et enfin les cinq tomes de "l’héritage d’Emilie". Je travaille actuellement sur un livre illustré : "contes aux quatre vents" ( textes et dessins) à paraître aux éditions D.Maghen en octobre prochain.

Si tu as quelque chose à ajouter ?

J’espère que les lecteurs d’Emilie ne seront pas déçus par la fin de ses aventures... Demain peut-être son arrière-petite-fille trouvera-t-elle chez un antiquaire une montre à gousset ?... En attendant rendez-vous l’année prochaine !

Merci Florence et meilleurs voeux dans tes futurs projets.


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