Lever de rideau sur Terezin

Novembre 1943. Après des mois à se terrer à Paris, dans une chambre de bonne, le célèbre dramaturge juif Victor Steiner est arrêté et déporté. Étant donné sa notoriété, on lui a promis « un traitement spécial » : on l’envoie en Tchécoslovaquie, à Terezin, un camp qui ressemble à une petite ville. À première vue. Car il y règne tout autant de violence que dans les autres camps nazis. Mais Steiner a la surprise de s’y découvrir un fan : un officier SS qui lui commande une pièce. Elle devra être jouée lors d’une visite de contrôle de la Croix Rouge internationale, dans le grand théâtre de Prague. Écrire pour les nazis ? Steiner s’y refuse. Mais il n’a pas le choix et la Résistance interne au camp finit de le décider : ce spectacle pourrait être l’occasion de faire évader des prisonniers…

J’ai probablement dû l’écrire un milliard de fois : Christophe Lambert est, à mon sens, un des auteurs les plus méconnus de la « nouvelle » génération française. Peut-être parce qu’il n’a jamais voulu s’enfermer dans un seul genre ? Ou parce qu’il est, à tort, identifié comme un auteur « jeunesse » ? Quoi qu’il en soit, avec ce Lever de rideau sur Terezin, il prouve une fois de plus ses qualités d’auteur populaire. Il mêle avec bonheur les « classiques » du récit d’évasion avec une réflexion nuancée sur le bien, le mal, les renoncements nécessaires… Et les tourments de la création. Présenté comme cela, on pourrait craindre un roman un rien « appuyé »... Et il n’en est rien. Parce que Christophe Lambert est un fin connaisseur de la structure narrative, du suspense et du jeu des atmosphères. Tension, rire, larmes, violence, surprise, colère… la palette des émotions explorées dans ce roman est large, très large. On regrettera peut-être que certains personnages sont « sacrifiés » à la marche du récit, mais c’est un peu la règle dans ce genre d’aventure populaire.

Lever de Rideau sur Terezin est un roman à mettre entre toutes les mains, tant pour sa forme que pour son fond. Le rythme y est soutenu, le suspense toujours présent… Et les questions existentielles abordées avec nuance et intelligence.

Que demander de plus ?

Lever de rideau sur Terezin par Christophe Lambert, Éditions Bayard