Serpent majuscule (Le)

Voilà typiquement le genre de roman à la fois noir et humoristique dont on se régale dès les premiers chapitres.

Mathilde, la ménopause désavantageuse, vit dans sa petite maison de province avec son dalmatien idiot. Une veuve typique sans histoires. Ce que peu de personne savent, c’est qu’elle est en réalité une ancienne tueuse à gages, qui a derrière elle un passé d’exécutrice sans reproche. Sauf un soir où elle ne se contente pas d’une balle pour atteindre sa cible, mais plusieurs, et qu’elle en profite pour flinguer le chien. Une erreur ? Une fantaisie ? Ses employeurs s’inquiètent, Mathilde rassure. La réalité est simple : sans qu’elle s’en rende tout à fait compte, Mathilde perd peu à peu la tête, souffre de trous de mémoire, oublie de bazarder l’arme du crime. Le verdict tombe : il va falloir se débarrasser d’elle. Mais, aussi perdue soit-elle, cette brave Mathilde n’a pas oublié ses réflexes et elle compte bien faire encore quelques cadavres, même si certaines de ses victimes n’ont plus rien à voir avec des services commandés.

Dressant là un éventail de personnages assez pittoresques, dominés par Mathilde, son supérieur « monsieur » Henri, pompeux et issu d’un autre siècle, René Vassiliev le flic un peu lourd et brut de décoffrage, l’ancien préfet Alzheimer… Tout ce petit monde va se télescoper dans un joli foutoir où il va devenir rapidement plus facile de compter les verticaux qui le restent que ceux qui sont définitivement allongés. Une réussite complète par son ton aussi féroce que léger. Aussi majuscule que le Serpent du titre.

Je remercie les éditions du Livre de Poche pour leur confiance.

Pierre Lemaitre - Le serpent majuscule - éditions le Livre de Poche - mai 2022, 7,90 €