Rituel (Le)

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Ils sont quatre : Hutch, Luke, Phil et Dom, d’anciens copains de fac qui se sont perdus de vue, chacun à leur propre existence, et qui décident de se retrouver pour aller faire du camping dans une des forêts les plus sauvages de Scandinavie. Mais ils ont à peine commencé leur randonnée que les ennuis commencent : ils se perdent dans les bois inexplorés et inextricables, deux d’entre eux ne sont absolument pas prêts pour les efforts physiques et sont mal équipés, et ils n’ont pas assez d’eau et ni de vivres. La pluie s’abat sur eux, la luminosité est minimale, ils tombent sur le cadavre d’un animal suspendu dans les branches…

Bientôt, ils réalisent qu’ils ne sont pas seuls, la forêt et ce qu’elle contient a servi à des cultes ancestraux macabres qui ne sont peut-être pas éteints.

On ne pourra pas dire qu’avec le Rituel, Adam Nevill ne frappe pas fort et ce, d’entrée de livre. Quelques pages suffisent pour nous mettre dans l’ambiance. Pluie, froid, humidité, forêt spontanément hostile, rien ne nous est épargné, comme si nous étions le cinquième larron, celui qui filme les mésaventures des quatre ex-camarades de fac. Un forêt omniprésente, véritable personnage à part entière du roman, du moins dans la première partie. L’auteur nous livre sa propre version du Blair Witch Project, entre protagonistes effrayés et épuisés, vieilles cabanes au fond des bois, forêt hostile et église sacrificielle. Une première partie intense, peut-être un peu gâchée par quelques répétitions comme les pauses clopes de Luke ou quelques insistances sur le fait qu’il pleuve, que la lumière ne passe pas, qu’ils sont sales et trempés et qu’ils ont faim. Quelques petites coupes auraient indiscutablement allégé le récit en le rendant plus intense.

Le roman étant divisé en deux parties qu'il est difficile de résumer sans dévoiler l’intrigue. Disons simplement que nous allons faire connaissance de deux garçons et une fille qui se surnomment Loki, Fenris et Surtr. Trois jeunes fans inconditionnels de Black Metal, de maquillages gothiques, et bien entendu passionnés de vieilles légendes scandinaves, en particulier le Ragnarök. Et d’une vieille femme bien mystérieuse, chez qui ils squattent, attendant de voir surgir ce qui se cache dans la forêt. Cette seconde partie, plus violente, casse soudain le rythme du roman, ce qui est sans doute voulu par l’auteur après nous avoir laissé mijoter dans les bois sombres. Il n’en demeure pas moins que j’ai été un peu déboussolé par cette soudaine rupture de ton, ayant presque l’impression de lire une nouvelle histoire. Heureusement, tout le talent de l’auteur est là, et malgré quelques répétitions un peu lourdes encore (le personnage principal manque de s’évanouir à la vue du sang un grand nombre de fois), Adam Nevill conclut son survival jusqu’à l’asphyxie dans un ultime regain de violence.

A noter que le roman a fait l’objet d’une adaptation Netflix, réalisée par David Bruckner en 2017.

Au final, Le rituel est un sympathique roman, plus oppressant que véritablement terrifiant, à l’écriture agréable malgré quelques petits défauts et longueurs, dans la lignée de Nick Cutter, avec certains accents kingiens et koontziens à leur début. Une belle réussite que nous propose là les éditions Bragelonne, que je remercie pour leur confiance.

 

Le rituel, Adam Nevill - Editions Bragelonne 2019 - 6,90 €

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