Panthère des neiges (La)
Lorsque Vincent Munier, le photographe animalier plusieurs fois primé, invite l’écrivain voyageur Sylvain Tesson à se joindre à lui pour suivre les traces de la panthère des neiges (encore appelée once) dans les contreforts des montagnes tibétaines, celui-ci accepte aussitôt pour mettre en mots les images.
C’est donc le récit de leurs aventures que relate ici Tesson. Couronné du prix Renaudot 2019, ce roman est davantage une ode à la nature et à la contemplation qu’une traque. Car oui, la panthère des neiges est l’ultime récompense de ces chasseurs d’images, qui savent encore s’émerveiller et nous émerveiller avec un âne sauvage, des antilopes, un loup en maraude. Et cette panthère, il faut la mériter, il faut savoir s’installer dans un affut à même le sol, dans les roches, à des températures ne dépassant pas les -20°C. C’est l’éloge de la patience et de l’immobilisme. Comme le souligne Tesson en citant Peter Mathiessen, écrivain et naturaliste, savoir que la panthère est là quelque part alors qu’on ne la voit pas est déjà une victoire en soi.
Dans cette quête, l’auteur voit également une façon de rendre hommage à deux femmes qui ont compté pour lui, sa mère, et son ex-compagne, et voir l’animal, c’est les voir elles et perpétuer leurs souvenirs. La panthère des neiges, c’est enfin et surtout une ode aux vertus premières que l’Homme a oubliées, en premier lieu la patience, « la vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée ». C’est aussi une dénonciation de ce qu’ont accompli ses semblables, cette volonté délibérée de régler le monde à leur coupe, de ne pas tenir compte de ce qui fut et de ce qui sera. Un véritable plaidoyer pour une meilleure compréhension du monde.
Prendre simplement le temps de respirer et d’observer.
Je remercie les éditions Folio pour leur confiance, et pour m’avoir permis de découvrir ce roman intense et nécessaire (Prix Renaudot 2019).
Sylvain Tesson - La panthère des neiges -Éditions Folio - Août 2021, 7,50€