Dans l'abîme du temps

Auteur / Scénariste: 

« Ce qui est, à mon sens, pure miséricorde en ce monde, c’est l’incapacité de l’esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île de placide ignorance, au sein des noirs océans de l’infini, et nous n’avons pas été destinés à de longs voyages. Les sciences, dont chacune tend dans une direction particulière, ne nous ont pas fait trop de mal jusqu’à présent ; mais un jour viendra où la synthèse de ces connaissances dissociées nous ouvrira des perspectives terrifiantes sur la réalité et la place effroyable que nous y occupons : alors cette révélation nous rendra fous, à moins que nous ne fuyions cette clarté funeste pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel âge de ténèbres. »

 

CONTENU :

1. 1935 : Dans l’abîme du temps (The Shadow out of Time)
2. 1932 : La maison de la sorcière (The dreams in the witch house)
3. 1926 : L’appel de Cthulhu (The Call of Cthulhu)
4. 1931 : Les montagnes hallucinées (At the mountains of madness)

Dans l’abîme du temps est un recueil de Lovecraft qui présente des nouvelles d’une certaine longueur (entre 60 et 160 pages) permettant de rentrer complètement dans l’univers de l’auteur, ce qui est plus difficile à faire avec un récit de 5-6 pages. En effet, j’ai toujours eu l’impression qu’il me fallait un certain temps avant de me laisser prendre par l’atmosphère d’une histoire du monsieur, et souvent, je n’y arrive pas avant une dizaine de pages.

Les quatre nouvelles de ce recueil sont assez différentes pour se distinguer les unes des autres mais certaines d’entre elles m’ont quand même donné l’impression d’avoir été écrites selon un même schéma. Seule La maison de la sorcière sort du lot pour moi, mais pas parce que la nouvelle m’a plus plu, juste parce qu’elle est différente. Mais voyons plutôt ce que ça donne au cas par cas.

Dans l’abîme du temps parle de la découverte d’une ancienne race puissante, à laquelle le narrateur semble lié d’une manière ou d’une autre. Si elle est amusante à lire, cette première histoire m’a déçue parce qu’elle ressemble beaucoup trop à ce que j’ai déjà lu de l’auteur. On dirait simplement qu’il a recyclé une vieille nouvelle en l’allongeant un peu. C’est intéressant pourtant, mais je m’en suis vite lassée. Heureusement, le petit twist final amusant a compensé le manque d’intérêt du reste.

La maison de la sorcière est une nouvelle différente des autres portant sur une maison étrange. Le narrateur va vivre dans une chambre aux murs qui font de drôles d’angles et cette architecture incongrue ne fait que préfigurer la dangerosité de l’endroit. L’histoire met très longtemps à démarrer et demande une sacré suspension consentie de l’incrédulité dans sa résolution. Pas ma favorite, mais pas désagréable à lire non plus.

L’appel du Cthulhu raconte une recherche effectuée autour du mythe du Cthulhu qui m’a déroutée parce que là où je croyais que l’histoire du début allait se développer pour et par « elle-même », j’ai dû pour finir accepter le fait qu’elle n’était qu’un très long prélude à la découverte d’un journal qui parlera plus « concrètement » de ce mythe. Bien que j’ai aimé l’histoire, la découverte de ce récit dans le récit m’a frustrée parce qu’elle m’a donné l’impression que les trente pages précédant ce journal n’étaient qu’un long prélude à celui-ci. En fait, je me demande pourquoi, de manière générale, l’auteur met si longtemps à planter le décor d’une action qui, lorsqu’on arrive à son déroulement, en dit si peu (et dit si souvent la même chose). Certainement pour faire monter la peur, mais il a prouvé dans de plus courts récits qu’il savait le faire plus « rapidement »...

Les montagnes hallucinées met en scène une expédition vers l’Antarctique qui va mener ses membres dans la cité d’une ancienne civilisation mystérieuse. C’est certainement la nouvelle qui m’a le plus plu dans le recueil, et parce qu’elle se développe sur différents « niveaux », et parce qu’elle est prenante. Mais pas de gros coup de foudre comme je pensais pourtant en avoir. Tant pis...

Pour résumer, ce recueil me semble être de bonne qualité. Et pourtant, même si j’ai aimé le lire, je ne suis pas tombée sous son charme. C’est que j’ai pour finir l’impression de toujours relire la même nouvelle, avec quelques petites variantes, comme si l’œuvre de Lovecraft consistait à réécrire une histoire qui obsède l’auteur, ce pour l’épurer et la parfaire jusqu’à obtenir LE récit qui hante ses cauchemars.

Au final, Dans l’abîme du temps est un recueil qui permet de voir ce que l’auteur donne dans un récit de « plus longue haleine » car il nous offre des nouvelles d’une petite centaine de pages (ou plus). Prenant, parfois angoissant, il m’a plu sans pour autant m’emporter.

Dans l’abîme du temps, H. P. Lovecraft, traduction de Simone Lamblin et Jacques Papy, illustration de PHOTONICA Folio SF, 400 p.

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Commentaires

Oui,alors,déjà,Lovecraft,j’avais tout lu quand j’étais ado ( disons dans la quinzaine ). En plus c’était ma période métal alors je pense que celà allait bien ensemble. Quinze ans aprés, qu’est-ce qui se passe mesdames et messieurs ? ( Bon maintenant j’écoute plutôt Jimi Hendrix mais ca se laisse écouter en lisant Lovecraft ) Je relis Lovecraft et je le revois complêtement sous un autre angle ( comme les angles déviants de " la maison de la sorcière " hola vache je suis trop bon elle est fote celle-là faut qu’jarrête sinon je vais griller mon neurone .)Donc faut pas s’éttoner si Lovecraft il a influencé la plupart des grands du fantastique en commencant par Stephen King et l’autre là Kronenberg ou Kronembourg je sais plus ( Carlsberg, Guinness ? mon humour n’a pas de limite ) avec sa mouche. Bon blog. A Bientôt.
ps : les libraires devraient penser à re-remplir leurs rayons de Lovecraft. La plupart du temps je dois les commander ! Pourtant c’est pas un nain cet écrivain.