Chercheau
Figure incontournable de la SF belge, Alain le Bussy est un aède, dont il possède le souffle nécessaire aux fins de bâtir d’imposantes épopées. Comme celle de Yorg en quinze volumes, ou ce cycle d’Aqualia, en treize volumes lui.
Il n’est pas du tout nécessaire d’avoir lu les trois précédents pour savourer ce quatrième tome. Qu’il suffise de savoir que des colons terriens se sont installés sur deux mondes différents : l’un, Aqualia, aquatique, et l’autre, Octa, désertique. La conjonction périodique (une « Sygyzie » comme dirait Michael Coney) des deux planètes crée de terribles catastrophes climatiques. C’est un peu après l’une d’elles que le lecteur se retrouve sur Octa, où se déroule toute l’action. Roman de quête classique. Térinn croit avoir trouvé un nouvel oasis pouvant sauver son peuple cloîtré sur Chéra, dirigé de main de fer par un petit despote, lequel punit sévèrement Térinn pour avoir gaspillé de l’eau en cherchant l’aventure. Il est condamné à la Survie et doit s’enfoncer dans le désert, nu et muni d’une seule outre d’eau. Rejoint ultérieurement par des amies, puis par un compagnon de route, le héros pousruivra hardinement vers son but, qu’il trouvera enfin : ce n’était pas un rêve. Il en découvrira l’histoire et... je n’en dirai pas plus. Mais il retournera à Chéra pour raconter, et c’est alors que l’affrontement avec la tradition connaîtra son issue.
Thème connu donc, mais toujours d’actualité. L’intrigue, linéaire, est bien conduite, les personnages exactement profilés, le décor idéalement esquissé sans étouffer la trame car il en est indissociable. Voilà un roman d’une lecture infiniment plaisante, qui nous rappelle l’impeccable styliste qu’est Alain le Bussy. Le livre est complété par une courte et émouvante nouvelle de Jacqueline Ostterath, auteure trop méconnue, et qui vient de nous quitter (2007). Algues, paru initialement en 1961 dans ’Satellite’ sous le titre ’Daphné’ conte, sous le couvert d’un polar, une poignante histoire d’amour toute simple. Un bijou.
Alain Le BUSSY, Chercheau, Eons Futurs 2008, illustration par Yoz, 242 p.