Miroirs d'ambre

Quatrième de couverture

Une adolescente accompagnée dans sa fugue par sa poupée. Un enfant hyperactif transformé en zombie par des médicaments et un autre qui rêve grâce à une ardoise. Un prêtre tentant d’empêcher la destruction de la France et un templier qui a pour mission de faire échouer un voyage vers la lune. D’étranges êtres émaciés apparaissant dans un jardin et des androïdes de sève et de chair cherchant l’émancipation…

Ces récits, souvent mordants, parfois grinçants, sont autant d’études de l’âme humaine et des travers de notre société. Passant du fantastique baroque à la terreur moderne, de l’uchronie à une anticipation humaniste, l’auteur place un miroir devant les yeux du lecteur afin qu’il saisisse ce qui se passe derrière son dos…

Denis Labbé nous revient cette fois avec un nouveau recueil de nouvelles. J’avais déjà lu, et fortement apprécié, « Marelle d’ombres » aux éditions Argemmios et étais impatient à l’idée de retrouver le style particulier de l’auteur.

Pour commencer, je dirai que « Miroirs d’ambre » est plus diversifié que son prédécesseur. Certes, il fait la part belle au fantastique classique mais certaines nouvelles explorent de nouveaux horizons pour notre plus grand plaisir mais avec, à mon sens, des fortunes diverses.

La qualité littéraire n’est aucunement à remettre en cause car Denis Labbé maitrise parfaitement son sujet et son style nous plonge tête la première dans ses univers.

Je vais commencer par les deux nouvelles que j’ai adorées. Deux véritables petits bijoux d’épouvante/horreur ! « Plastic Doll » et « J’entends battre ton pouls… ». Denis abandonne ici le style purement descriptif et y ajoute une touche d’émotion du plus bel effet. Ces deux histoires sont profondément dérangeantes mais superbement tournées. Un régal !

Dans le même registre, je citerai également « Encore un comprimé mon garçon » qui vaut le détour ne serait-ce que par le thème abordé et sa manière d’être traité !

L’auteur ne cesse de nous surprendre en jouant sur plusieurs tableaux en ajoutant des touches d’érotisme dans « Masquarade », glauque à souhait avec « Le banquet », étrange avec « Les Giacomettis ». Cette dernière est également l’une des plus réussies du recueil tant par sa trame que par son final à la limite de la folie. Il y a également un soupçon de tendresse et de nostalgie dans « L’ardoise », de la SF dans « Néovocyte 41 », de la cruauté dans « Un peu de poussière sur tes lèvres »…

J’ai été moins convaincu par « Frappes préventives » et « La lune mord la queue du chat… » mais c’est principalement parce que je suis peu attiré par l’uchronie. Elles sont bien écrites, la trame est intéressante mais, pourtant, la magie n’opère pas sur moi. Peut-être en raison d’un manque de développement car l’auteur pourrait en tirer aisément sinon des romans, au moins des novellas.

Point intéressant du recueil, Denis retrace les contextes d’écriture de chaque nouvelle sous forme d’une petite préface.

Saluons aussi l’habitude de l’auteur de truffer ses textes de références littéraires, musicales et culturelles. Ces petits clins d’œil sont véritablement plaisants.

Pour conclure, « Miroirs d’ambre » est un recueil composé de 16 nouvelles de longueurs diverses mais aux univers forts et distincts. La grande force de l’auteur est de rendre crédible la moindre parcelle de son histoire par des descriptifs précis.

Si vous aimez le genre, vous pouvez l’acheter sans hésiter, vous y trouverez forcément de quoi vous satisfaire largement ! Un excellent moment de lecture au final !

Miroirs d’ambre par Denis Labbé, 2012, illustration de Philippe Jozelon, Lokomodo, 8 €, ISBN : 9782359001396