Kirinyaga

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Un auteur de space opera exotique

Mike Resnick écrit de la science-fiction depuis plus de quarante ans : on se souvient de lui pour Santiago (space-opera truculent quoique assez convenu), Ivoire (histoire de quête déjà très inspirée par l’Afrique) et surtout pour Kirinyaga : il s’agit d’un recueil de nouvelles qui se lit comme un roman, dont l’origine est une demande d’Orson Scott Card pour une anthologie avortée, Eutopia. Resnick remporta son premier prix Hugo avec la nouvelle Kirinyaga et décida du coup d’entamer un cycle. Pour ce faire, Resnick s’est inspiré de son expérience en Afrique (l’homme y a effectué beaucoup de safaris) et de sa connaissance des peuples du Kenya (dont les fameux Masai). Voici donc une œuvre fondatrice de ce qu’on appelle l’ethno-fiction, reste à savoir si elle tient le coup le temps passant.

 

Créer une utopie

Au vingt-deuxième siècle, l’humanité permet à certains peuples de vivre selon leurs traditions séculaires sur des astéroïdes terraformés. Intellectuel éduqué à l’européenne mais profondément attaché aux racines de son peuple, Koriba décide donc d’emmener sur Kirinyaga (du nom d’une montagne kenyane) des Kikuyus et de leur réapprendre à vivre à l’ancienne, sans interférence technologique moderne (et donc européenne). Koriba devient leur Mundumugu, sorte de sage sorcier, intercesseur de la communauté auprès de leur dieu Ngai.

 

Cependant, Koriba est rapidement confronté à des défis : comment faire au désir d’apprendre d’une jeune fille dans une société qui cantonne les femmes au rôle d’épouse ? Et si son utopie lui échappait ?

 

Une fable philosophique

A la fin de la lecture de Kirinyaga, une chanson vous trotte dans la tête : You Can’t Get always Get what You >ant des Rolling stones (1969 sur l’album Let it Bleed) : Koriba échoue mais il ne pouvait faire autrement. Une culture évolue, change constamment (ce qui n’exclut pas le goût des racines). Le charme de ce recueil consiste dans son personnage, fanatique nostalgique qui cherche à réaliser son rêve coûte que coûte, jusqu’au moment où son peuple le rejette. La nouvelle Kilimandjaro, postérieure, raconte comment des Masais tentent de créer leur propre utopie en gardant en tête l’expérience de Kirinyaga : ils choisissent donc un chemin inverse qui n’est cependant pas dépourvu de pièges…

 

Au final, un livre convaincant, autant effrayant que réjouissant. A lire, Mike Resnick a livré ici un classique.

 

Mike Resnick, Kirinyaga, traduit par Pierre-Paul Durastanti et Olivier Deparis, couverture de François Baranger, Denoël lunes d’encre, ISBN 9782207125618, 416 pages, juin 2015, 21,50 €

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