Jean Ray 14 rue d'Or

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Ça commence comme un anniversaire funèbre. 17 septembre 2014, 17 septembre 1964. Henri Vernes, le père de Bob Morane, reçoit un coup de fil de Lucienne de Langue, la fille de Jean Ray. L’immense conteur vient de décéder. Comme le dit si bien Vernes, Il fait partie de ces personnes qui ne devraient jamais mourir. Au fil des années, l’ayant vu de multiples fois imité mais jamais égalé, critiqué également, sans doute un peu passé de mode après avoir eu les honneurs d’une publication décente chez Marabout, Vernes s’est décidé à parler de son ami. Une rencontre littéraire en 1933 à l’âge de 15 ans, une autre, en personne cette fois, en 1943, pour une amitié qui durera 20 ans et dont on sent qu’elle perdurera au delà du temps.

 

Biographie à décharge, orientée et partiale ? Sans doute ! Il n’empêche que ce qu’aborde Henri Vernes dans ces pages, c’est plutôt le versant obscur, inconnu du personnage, ce que le grand public ne voit pas et, comme l’auteur l’explique également, il est la seule personne encore en vie à l’avoir côtoyé de près. Une sorte de témoignage de ce que fut réellement pour lui Raymond Jean Marie de Kremer pour l’état civil. On y découvre un auteur presque bourreau d’écriture, mal convaincu à l’idée que l’on puisse avoir envie de rééditer ses oeuvres, écrivain acharné des aventures de Harry Dickson, n’hésitant pas à faire de « l’alimentaire » en produisant grand nombre de contes et récits. ayant eu peu d’amis au cours de son existence. Un recueil d’anecdotes plus qu’une véritable biographie, entre légende et vérité, sur un mythe que Jean Ray a entretenu tout au long de sa vie. Sans aucune concession pour certaines personnes qui ont traversé la vie et l’oeuvre de l’auteur (ou s’en occupent toujours), Vernes croise au détour des pages Blaise Cendrars, Thomas Owen, Ghelderode, Alain Resnais, mêle ses propres souvenirs, sa propre biographie, regrette (c’est un euphémisme…) le film adapté de Malpertuis et celui réalisé par Jean Pierre Mocky, regrette que celui de Resnais n’ait jamais pu se faire…

On a l’impression d’assister à une conférence de presse, où Henri Vernes, en invité spécial, y raconte tout ce qui lui vient à l’esprit. C’est sans doute ce qui rend le livre bien plus vivant qu’un simple étalage de faits chronologiques. C’est sans doute aussi ce qui le rend perfectible. Mais en refermant ce 14 rue d’Or (nom d’une rue de Bruxelles où les trouvaient les Auteurs Associés), on se dit que l’auteur a sans doute réussi ce qu’il lui tenait le plus à coeur : parler de Jean Ray comme il l’avait connu, avec ses qualités et ses défauts, ses coups de coeur et ses coups de griffes, en somme « son » Jean Ray comme le souligne en préface Jean-Baptiste Baronian.

 

Jean Ray 14 rue d’Or - Henri Vernes - illustrations de Thierry Mortiaux - La Pierre d’Alun 2016

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