Jack Barron et l’éternité

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Jack Barron anime une émission choc à la télévision, affichant un puissant audimat. Aussi attire-t-il l’attention d’un arriviste comptant bien profiter de son potentiel médiatique à des fins politiques. Quel meilleur appui pour faire passer n’importe quelle loi dans une société du spectacle qu’une vedette qui fait la pluie et le beau temps de l’opinion publique ? C’est le calcul de Benedict Howards, prêt à proposer un deal extraordinaire à celui qu’il espère bien être son Faust du prime time : l’éternité en échange de son soutien. Que feriez-vous à la place de Jack ? Commence alors pour nos deux personnages un duel au suspense crescendo, chacun ne voulant rien lâcher, car notre héros ne se laisse pas acheter si facilement, fût-ce au taux le plus fort de l’inestimable immortalité. Résistera-t-il ? Cèdera-t-il ? L’aventure quelle que soit sa décision promet du spectaculaire et du sensationnel au programme, sur fond de conscience morale et de fantasmes névrotiques mortifères.

Norman Spinrad restitue les états d’âme du duo mais aussi de ses personnages en général avec un soin spécifique : il s’applique à coller son style à leur identité, voire leur tempérament du moment. D’où un travail formel considérable pour prêter une voix originale à chacun, par où on salue aussi le mérite du traducteur en français, Guy Abadia, de se confronter à un tel défi. S’ensuivent des formulations audacieuses et une syntaxe fantaisiste qui peuvent surprendre, voire incommoder, mais la phrase est à l’image du raisonnement parfois chaotique du personnage donné, comme dans la vraie vie : pas de prompteur lisse et bien ordonné auquel se raccrocher. On improvise, on se lance sans filet, comme Jack, bien loin de soupçonner ce que sa réponse au marché de Howards lui réserve. Attention, dès les premières phrases du roman, ça tourne à un rythme effréné, qui frise la roue libre. Et, pour qui se trouve dans la mire, rendre l’antenne sera peut-être rendre l’âme.

Cette nouvelle édition est augmentée d’une postface où l’auteur s’exprime en personne au sujet de la construction de son roman et de sa publication en 1969.

 

Jack Barron et l’éternité de Norman Spinrad, traduit par Guy Abadia, 15 €, J’ai Lu.

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