Isulka la mageresse, La pierre d’Isis T1

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Isulka est une mageresse marginale, un peu vénale, mais surtout très endettée, vivotant en donnant des spectacles de magie dans des cabarets parisiens. Scipione est un spadassin vénitien comme on n’en fait plus, un reliquat du passé exilé de la Sérénissime, trahi par ses pairs et en quête de vendetta.

 

Recrutés par un employeur anglais pour subtiliser une bague qui lui a été dérobée, la mission se révèle sous un tout autre jour lorsqu’ils découvrent la valeur réelle et symbolique du joyau. Plus question pour Isulka et Scipione de travailler à prix bradés. L’appât du gain les mènera de Paris au Caire, de coups bas en coupe-gorges, une course-poursuite s’engage entre les protagonistes, des espions, des criminels et une inquiétante secte égyptienne…

 

Cet excellent roman d’aventures a tout pour plaire : des personnages hauts en couleurs, duo improbable d’anti-héros virevoltant au sein d’une intrigue teintée d’un obscur mystère, voire d’occultisme, une écriture légère et un rythme trépidant qui emmène le lecteur subjugué dans mille et une situations plus rocambolesques les unes que les autres…

 

Mais découvrons plus avant ces deux protagonistes hors du commun. Une fois n’est pas coutume, honneur aux dames…

 

Alors, qu’est-ce qu’une « mageresse » ? Une magicienne, une enchanteresse, un mixte des deux ? Ne cherchez pas sur les moteurs de recherche, vous ne trouverez que des références relatives au roman dont vous êtes en train de lire la chronique. C’est le serpent qui se mord la queue, quoi ! Tentons donc une définition : nom féminin, néologisme dorianesque, femme capable non pas de créer des illusions, non pas de lancer des sorts, mais de pratiquer la magie… Bof, non, la nuance est beaucoup plus subtile. Je renonce et préfère laisser Isulka se charger de vous décrire son art :

 

« Les magiciens ont les magiciennes, les sorciers, les sorcières, les ensorceleurs, les ensorceleuses. Quant aux prestidigitateurs, ils ont les prestidigitatrices et les devins ont leurs devineresses. Même les nécromanciens ont des nécromanciennes, tout comme les enchanteurs qui ont des enchanteresses. Mais qu’est-ce qu’ont les mages ? ».

 

C’est clair, non ? Je ne pourrais que vous encourager à accepter cette non-définition, car la dame est plutôt chatouilleuse, et vous risqueriez de vous retrouver rôti sur place…

 

Quant à M. di Lucantonio, il n’a aucun don particulier, sinon celui d’affabuler pour séduire et se fourrer dans des situations plus qu’improbables :

 

« Scipione se resservit un peu de vin, avant de se rapprocher de la jeune femme dont les yeux brillaient. La Russie ne comptait guère parmi ses meilleurs souvenirs, mais cette contrée se prêtait bien aux contes et aux exploits, d’autant qu’il était malaisé d’aller vérifier la véracité de ses propos. Il doutait fortement que le colonel prenne le temps de partager ses expériences avec sa femme et, aujourd’hui, elle rêvait d’épopées, sans jamais quitter Paris. Il ne voulait pas la décevoir.

— Je ne peux dire que nous fûmes bien accueillis. Sans le sou pour repartir, nous étions presque les seuls étrangers présents, et la ville était en proie à des crimes horribles, que le peuple mettait sur le compte de vampires et autres créatures démoniaques.

— Des vampires ? Je ne saurais y croire, Monsieur. […]

Les deux hommes se jaugèrent, l’un en uniforme [ndlr : le mari éconduit] et l’autre sans le moindre vêtement [ndlr : Scipione], l’un sobre et l’autre toujours un peu ivre. Scipione se promit mentalement que, s’il survivait ce soir, il ne toucherait plus au corps d’une femme que si elle était libre, promesse creuse, mais qu’il se fit néanmoins avec un semblant de solennité. » [1]

Le ton est donné.

 

J’ai personnellement adoré me laisser embarquer dans la sarabande. Les pages défilent sans que l’on s’ennuie à un quelconque moment. L’univers rappelle, sans pour autant le plagier ou le reproduire – puisqu’il ne s’agit pas réellement ici d’enquête policière ou de récit d’espionnage – celui des aventures de Pietro Viravolta d’Arnaud Delalande où je m’étais déjà plongée avec délices, savourant au fil des pages le rythme trépidant du récit comme du style…

 

Ce joyeux duo vous emmènera à coup sûr dans une aventure peu banale et dans un moment de pure évasion…

 

La pierre d’Isis : 1. Isulka la Mageresse, aux éditions Lune Écarlate, 206 pages, ISBN 978-2-36976-196-9, ebook et broché le 20 septembre 2016.

 

Interview de Dorian Lake ici

[1] Isulka la Mageresse, Épisode 1 : “La Pierre d’Isis”, chapitre 1, Éditions Lune-Écarlate, 20 septembre 2016, ISBN 978-2369761969.

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