Zen City

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Illustrateur / Dessinateur: 


Le Trop est l’ennemi du bien, et Grégoire Hervieu a voulu en faire trop, en truffant son livre d’informations sur la réalité de certaines choses (à la limite de la dénonciation type Théorie du complot), en construisant un site fort complet sur zen-city (www.zencity.fr) ... Du coup, l’intérêt quitte le roman, d’autant plus que malgré quelques bonnes idées, le roman souffre de faiblesses d’écriture. Au nombre des bonnes idées, je mettrai celle de faire démarrer le récit par des entrées du blog du narrateur, puis le continuer par un journal sauvé sur clé USB, par exemple. Les commentaires du blog ajoutent quelques traits d’humour bienvenus.

Au nombre des faiblesses, je mettrai le fait que le narrateur, même s’il sert de cobaye aux expériences qui vont amener la tragédie, est hors scène au moment où elle se produit. C’est peut-être ce qui lui permet de survivre et de s’échapper pour témoigner, mais alors il aurait fallu mettre en valeur davantage son rôle de témoin. Et, peut-être, éviter d’accumuler sur lui tant d’incidents biscornus, comme l’accumulation de maladresses et de malentendus qui lui font initialement perdre son travail, ou l’accident qui va faire de lui le cobaye type ; à moins, pour le second incident, que cet accident n’ait été préparé par le grand méchant patron qui, conformément à la tradition des « villains » de comics, lui raconte toute la machination avant son effacement par retour à l’hôpital. Retour à l’hôpital qui le mettra hors du coup pour la tragédie finale qui arrive trois mois plus tard et lui permet de s’échapper pour envoyer son témoignage à un journaliste. Et le roman se termine par l’enquête, ambiguë puisque non conclue, du journaliste. Lequel conclura par un long exposé de tout ce qui est (peut-être) réel dans le récit et l’adresse du site déjà mentionné.

L’idée du roman est intéressante, assez nouvelle même si les idées de résidences plus ou moins high-tech et surveillées pullulent depuis quelques années, et exposée de manière cohérente.

On peut également se rappeler le thriller (pas vraiment un « slasher littéraire », comme le veut la 4° de couverture, parce qu’il finit bien, par la mise hors d’état de nuire des méchants et le sauvetage d’une ou deux victimes) que Grégoire Hervier avait sorti au Diable Vauvert il y a deux ans, Scream test. Les deux livres partagent certains défauts, l’insertion répétée d’informations sur la base authentique du roman, des personnages trop caricaturaux et sans profondeur réelle, et le plus que représente le renvoi à un site qui complète le livre (www.thelastone.net dans le cas de Scream test). Tous deux sont de lecture agréable, d’écriture soignée, et incitent à la réflexion, mais tous deux laissent une impression d’inachevé malgré le rajout du site. Peut-être auraient-ils été plus réussis l’un et l’autre avec moins de rajouts (informations, site) et plus de profondeur des personnages et de l’intrigue.

Zen city, de Grégoire Hervier, couv. Olivier Fontveille, 350 p., Diable Vauvert

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