Autres (Les)
Quel mot puis-je utiliser qui serait plus fort que « dévorer » quand on parle d’un roman ?
Car tel a été mon comportement envers ce roman. Je l’ai littéralement dévoré.
Un détective privé.
Oh ! Pas de ceux que vous croyez. Par un Sherlock Holmes, ni un Hercule Poirot. Encore moins un Magnum ou un Mike Hammer.
Non, celui dont je vous parle serait parfait pour jouer dans « Notre-Dame de Paris ».
C’est vrai, il serait parfait en Quasimodo.
Il est né bossu, a perdu un œil et boite. Ce qui ne l’empêche pas d’être un excellent détective qui a sa propre agence.
Une enquête somme toute assez simple. Un enfant à retrouver pour satisfaire un testament.
Cela paraît banal.
Mais en fait, notre détective va s’engouffrer dans un monde dans lequel nous n’oserions pas mettre un pied. Ni même y jeter un regard, aussi curieux soit-il.
James Herbert est parvenu à explorer l’âme ténébreuse d’un pauvre hère torturé par les multiples railleries que lui a infligés sa pauvre existence.
Un exercice de style délicat que James Herbert a réussi à transcender.
Plus qu’un roman, une prouesse.
Avec brio, il sonde et fait apparaître au grand jour le cynisme, la colère, mais aussi le manque cruel d’affection qu’a notre détective.
Son regard sur notre société qui prône le « politiquement correct », mais qui oublie en chemin bon nombre de tourmentés par la vie.
Et pourtant, au-delà de tout cela et contre toute attente, l’espoir renaît. Même lui, cet être difforme, oublié de Dieu, peut connaître l’amour.
Herbert campe ici un thriller d’une qualité exceptionnelle. Le côté fantastique est bel et bien là, mais il n’est qu’effleuré. Herbert flirte avec subtilité sur l’horreur sans jamais s’y engouffrer.
En fait, l’horreur se trouve dans le comportement qu’ont les gens envers notre détective.
Le suspense monte crescendo pour atteindre son paroxysme dans une séquence digne des plus grands.
On dit que James Herbert est le King britannique.
Ce n’est pas faux.
Les Autres par James HERBERT, couverture : Fabrice Borio, Bragelonne