Rats (Les)

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« Les Rats », le premier roman du célèbre écrivain britannique James Herbert, originellement paru en 1973, demeure peut-être encore à ce jour son oeuvre la plus mémorable. Non pas tant d’ailleurs pour ses qualités strictement littéraires (pas de fioritures, un récit qui va droit à l’essentiel, qui ne dévie guère) que pour sa description d’un fléau apocalyptique, surgi des tréfonds londoniens, qui s’abat sur la ville avec une virulence qui n’a d’égale que le peu d’intérêt que lui portent de prime abord les membres de la classe dirigeante. Cette dernière se révèle en effet plutôt indifférente au sort des couches les moins aisées de la population. Car la critique sociale déployée par Herbert, si elle avance masquée sous les traits d’un vulgaire récit de science-fiction « gore », n’en est pas moins toujours présente. Elle se révèle même violemment acide à l’occasion - à la manière du travail effectué au cinéma par un George Romero dans le sous-genre des zombies.

L’intrigue gravite autour d’Harris, un jeune professeur d’art évoluant dans les quartiers difficiles de l’est de Londres. Il est l’un des premiers à constater l’apparition d’une nouvelle espèce de rats, particulièrement agressive envers les êtres humains, à la morsure systématiquement mortelle à brève échéance, dont la taille avoisine celle d’un chien. Au début limitée à une poignée d’individus, la population de rongeurs prolifère toutefois à une vitesse « grand V », jusqu’à représenter un authentique danger pour la sécurité des habitants de la ville. Les rats gagnent progressivement de l’assurance et n’hésitent plus à mener des attaques de vaste envergure. La première scène de carnage se déroule dans le métro. Les malheureux passagers d’une rame coincée entre deux stations se font presque tous dévorer vivants par les immondes créatures. C’est ensuite le tour de la propre école d’Harris de subir les foudres d’une opération d’ampleur menée par les rats mutants. Le pire sera alors évité, grâce notamment au sang froid de notre héros. Seul le directeur de l’établissement trouvera la mort lors de cet incident.

Suite à ces éruptions de violence au coeur même de la capitale britannique, les autorités se doivent de réagir. Plus moyen de berner l’opinion publique, des mesures drastiques s’imposent. L’idée d’infecter les rats à l’aide d’un virus destiné à les éradiquer s’impose rapidement. Le plan semble d’ailleurs dans un premier temps se dérouler à la perfection : les rongeurs meurent par milliers, le danger semble définitivement écarté.

Mais c’est sans compter sans leur incroyable capacité d’adaptation...

La violence crue dépeinte par Herbert dans les pages de son roman lui a valu à l’époque d’être assez mal reçu par une partie de la critique. Faut-il s’en réjouir ou le déplorer - toujours est-il que les descriptions sanguinolentes contenues dans cet ouvrage ne suscitent plus la même révulsion aujourd’hui. En fait, plutôt que les passages ouvertement « gores » du livre, on peut parier que ce sont davantage les horribles descriptions de nos amis rongeurs à quatre pattes qui susciteront le dégoût chez de nombreux lecteurs. Car Herbert joue à fond la carte de la diabolisation de ces petites boules de fourrure, toujours entâchées dans l’inconscient collectif, pour leur plus grand malheur, d’une réputation morbide héritée de l’époque où elles détruisaient les récoltes et propageaient les épidémies (souvenons nous de la tristement célèbre Peste Noire...). A l’instar du loup, on a beau aujourd’hui savoir que cette peur n’est guère fondée en raison, rien n’y fait : la répugnance à l’égard des rats perdure.

Prenant acte du vaste succès commercial rencontré par son roman - qui se termine de manière relativement ouverte - James Herbert lui a donné deux suite : la première en 1979 (« Le Domaine des Rats ») et la seconde en 1984 (« L’Empire des Rats »).

Leur critique suivra d’ici peu sur les pages de Phénix Web...

James Herbert, Les Rats, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Jacqueline Huet, illustré par Fabrice Borrio, 128 pages, Bragelonne

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