Sorcière pour l'échafaud

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L’action de ce roman bondissant, aux personnages attachants, se déroule dans un univers parallèle au nôtre. Dans cette réalité, un virus mutant portant le doux nom « d’Ange », s’échappe d’un laboratoire militaire dans l’Arctique à la fin des années soixante, en pleine Guerre Froide. Résultat des courses : un quart de l’humanité est éradiqué. Les Etats-Unis ayant fermé leurs frontières à temps, les dégâts sont plutôt moindres sur leur territoire que dans le reste du monde, mais néanmoins conséquents.

Second choc, survenu peu après la vague de décès due au passage du virus : alors qu’il étaient jusqu’alors supposés sortir de l’imagination des conteurs, l’humanité stupéfaite découvre l’existence bien réelle des sorciers, morts-vivants, loup-garous, vampires et autres « pixies » de légende ! Ces espèces, regroupées sous le terme générique « d’Outres », résistantes au virus, voient soudainement leur nombre cumulé rejoindre celui du reste des humains. C’est le Tournant. Afin de contrôler les activités de cette population surgie de nulle part, les humains créent le Bureau Fédéral de l’Outremonde et sa police, le SO. Voyant en elle le démon derrière tous leurs malheurs, ils mettent de surcroît la recherche scientifique hors-la-loi.

Rachel Morgan est une « Coureuse » au service du SO, à Cincinnati. Son boulot consiste à arrêter les sorcières et les sorciers qui pratiquent la magie noire sans licence. Confinée à des tâches dégradantes par ses supérieurs, elle décide de rompre son contrat et de se mettre à son compte en créant sa propre agence. Car Rachel est elle aussi est une sorcière. Une sorcière de la terre. Ivy, une de ses collègues de travail, vampire au charme surnaturel désireuse de s’associer avec elle, lui emboîte le pas. Un pixie nommé Jenks les rejoint aussitôt pour l’aventure.

Ce que Rachel n’imaginait pas au moment de remettre sa démission, c’est que son supérieur direct le prendrait aussi mal. Le fait qu’elle ait débauché Ivy, sa meilleure Coureuse, lui laisse en effet un goût amer dans la bouche. Revanchard, il décide aussitôt de mettre la tête de Rachel à prix. Cette dernière doit dès lors veiller jour et nuit à sauver sa peau des multiples tueurs lancés à ses trousses (loups-garous, fées, etc.).

Afin d’obtenir une monnaie d’échange susceptible de lui permettre de « payer » sa démission, Rachel s’efforce alors de faire tomber un éminent homme d’affaire local, un certain Trent Kalamack, qui trafique en sous-main diverses drogues biologiques hautement prohibées depuis le Tournant. Flanquée de ses comparses, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour le démasquer. Elle se métamorphose ainsi à plusieurs reprises en vison grâce à une potion magique de sa confection, et s’infiltre incognito dans la demeure de Kalamack (du moins, c’est ce qu’elle pense). Elle affronte un démon qui la laisse exsangue, à moitié morte. Elle s’oppose du mieux qu’elle peut aux noires menées des acolytes de l’homme d’affaire…

Kim Harrison est parvenue à produire avec « Sorcière pour l’Echafaud » un roman de « fantasy » au ton résolument sympathique, bourré d’humour. L’intrigue ici a d’ailleurs presque moins d’importance que les relations tissées entre les divers membres de la petite communauté qui gravite autour de Rachel. On se prend rapidement de sympathie pour cette brochette hétéroclite constituée d’humains, de pixies, de vampires et de sorcières. On ne saurait prétendre que ce roman révolutionne le genre, ou qu’il défriche des territoires intellectuels jusqu’alors inexplorés. Mais ce qu’il fait fort bien en revanche, c’est apporter un ton, un entrain communicatif.

La série des aventures de Rachel Morgan compte à ce jour cinq opus publiés aux Etats-Unis. Espérons que les tomes suivants seront bientôt traduits en français, afin que nous puissions retrouver au plus tôt cet univers où il fait bon s’évader, le temps de quelques heures.

Kim Harrison, Sorcière pour l’Echafaud, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lénaïk Corveller, 447 p., Bragelonne

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