Un gars et son chien à la fin du monde

Griz vit avec sa famille et ses chiens sur une île au large de l'Écosse. Ses premiers voisins sont à trois îles de là, et les suivants... si loin que ce ne sont sans doute plus des voisins. Car, une génération après la Castration, la Terre compte moins de dix mille habitants. Et pas beaucoup de chiens.  Alors, quand on lui vole l'un des siens, le sang de Griz ne fait qu'un tour. Ainsi débute son épopée au coeur des vestiges de notre civilisation, avec pour seuls compagnons son autre chien, son journal et la nostalgie d'un monde entraperçu au travers des livres trouvés sur son chemin.

J'ai découvert avec grand plaisir ce roman post-apo au charme tout à fait unique. Même si l'univers dans lequel Griz, qui narre l'histoire, est assez classique, le traitement qu'en fait l'auteur lui donne un charme très particulier. Nous n'aurons pas d'explication scientifique et détaillée des catastrophes ayant amené à ce dépeuplement quasi total de la planéte. Et pour cause : Griz ne peut parler que de ce qui est connu de sa famille et se transmet de génération en génération. Une tradition orale qui laisse planer de nombreux doutes et évacue nombre de questions cruciales.

Aussi, quand Griz part sur un coup de tête à la poursuite du voleur de sa chienne, il ne connait du monde qu'il s'apprête à découvrir que les bribes glanées au fil des discussions avec ses parents, ainsi que ce qu'il a pu lire dans les romans dont il est si friand. La tête remplie d'histoires inventées à une époque où l'humanité prospérait, Griz s'embarque dans un voyage initiatique plein d'inattendu et de rebondissements.

La narration sous forme de journal nous emmène dans sa tête et nous vivons en même temps ses doutes, ses peurs et l'ébranlement de certaines de ses certitudes. De manière très habile, C.A. Fletcher crée l'empathie dans laquelle nous nous laissons piéger, ce qui nous rend incapables d'anticiper les révélations successives. L'innocence de Griz, son indécrottable optimisme et son amour âpre pour ses chiens sont sublimés par une écriture tout en tendresse et douceur, qui rend ce roman accessible aussi bien aux collégiens qu'aux adultes. Chaque tranche d'âge en fera une lecture différente.

Je tiens à rendre hommage au traducteur Pierre-Paul Durastanti, pour sa traduction très à la hauteur, alors que certains passages ont dû être horriblement compliqués à traduire pour des raisons que je ne spoilerai pas.

Un coup de coeur pour ma part.

Un gars et son chien à la fin du monde de C.A. Fletcher, J'ai Lu, ISBN 978-2-290-36700-1, 8,60 €