Galaxies n° 66

Je ne vais pas passer par 36 chemins mais j’ai abandonné plusieurs textes. Je lis pour le plaisir, essentiellement avant de m’endormir. Les leçons écologiques, ça m’énerve. Bref j’ai privilégié mon sommeil et no comment.

L’esprit perdu (Prix le Bussy 2020) de Pauline J. Bhutia nous parle du burn-out d’un esprit hyperconnecté qui retrouve la simplicité avec une thérapie par les arbres. Original et pleine de bon sens. Poétique sur la fin.

Nœuds et torsades de D.A. Xiaolin Spires (trad. Jean-Michel Calvez) est un mélange de traditions chinoises comme le théâtre de marionnettes, de modernité (les améliorations sur les corps), de mouvements et surtout d’évocations de sons et d’odeurs. On repasse en flash-backs la vie d’une jeune femme abandonnée par sa mère, élevée par la voisine, fille qui se réfugie dans la « chaleur » des chiffres et des anneaux de Moebius. C’est poétique et tragique à la fois.

Mue cotonnière de Bernard Henninger m’a scotchée par son imagination. Le héros est un lézard qui vit ses mues. Certains ont 6 pattes, d’autres des ailes. La société est composée groupes sociaux comme les Griffes, les Aigles etc. Mais le tout encore mâtiné d’organisation humaine avec des cours et des accès aux formations selon votre « forme », des classes de qualité différente. Notre Sien Tao n’accepte que difficilement sa merveilleuse mais effrayante mue.

Salissure de Rich Larson (trad. Emilie Laramée) nous explique la condamnation à une modification de Jalen, délinquant sexuel à tendance pédophile. La chute est une surprise.

Ombre perdue de Patrice Lajoye : désespéré et ruiné, un homme vend sa force de travail pendant 5 ans contre un transfert sur une autre planète. Il se pensait seul, il avait tort.

Technokarma de Lalex Andrea (numérique) : la réincarnation assistée est organisée avec des androïdes. Vous choisissez votre enveloppe suivante, on transfère votre esprit et vous vous réveillez dans une nouvelle peau, homme ou femme selon votre désir. Mais tout n’est pas si parfait puisque vous devez vous intégrer dans la vie de votre nouvel hôte. La fin aussi est inattendue. Ambiance indienne.

Journal d’un humanoïde de Jean-Jacques Jouannais (numérique). Cruel. Les couples non autorisés à avoir un enfant peuvent en obtenir un de substitution, une sorte d’androïde avec des émotions. Damien, ado « de substitution », tient son journal et y raconte son attirance pour la voisine, Alice. Mais la surprise est au tournant et on a juste envie de relire la nouvelle sous cet éclairage renversant.

Le dossier concerne « L’architecture colossale dans la science-fiction » (Jean-Pierre Laigle) avec une bibliographie thématique et une entrevue avec Robert Silverberg.

La fille de la sous-ville de Jean-Louis Trudel. Myriam est architecte : elle a créé la ville d’Hippocampe. Pour sa liberté, elle a fui la ville de Babel, y laissant son enfance gâchée et un père pas aimé ni aimable. Quelle n’est pas sa surprise quand son passé la rattrape et qu’un émissaire de son père lui demande de revenir pour lui succéder. Je résumerais avec « tel est pris qui croyait prendre ».

Au plus profond du ciel  d’Ariane Gélinas me laisse mitigée. Les descriptions des personnages annelés comme des vers m’ont plus dégoutée mais le fond de l’histoire est joli : une petite famille unie qui vit dans les souterrains. Mais les imaginer comme des lombrics pensants, c’était compliqué surtout que j’ai lu cette nouvelle en déjeunant.

Pour compléter le volume, les articles « Musique & SF : Klaus Schulze » par Jean-Guillaume Lanuque et Jean-Michel Calvez, « Croisière au long du Fleuve #16 : Max-André Rayjean » de Richard D. Nolane, « Sous le Scalpel du Docteur Stolze » de Pierre Stolze, les chroniques de lecture         de Laurianne Gourrier, de la BD par Fabrice Leduc et non-rubrique « chronique Ciné SF et F » de Jean-Pierre Andrevon, non-rubrique puisque le Covid19 a fermé les portes des cinémas.

Le présent volume est aussi un hommage à Jean-Pierre Laigle, parti juste avant la parution.

https://galaxies-sf.com