Galaxies Nouvelle série n°26/Lunatique n°87

La science-fiction italienne ? On arpente des coteaux rares ici. Voici en effet un numéro consacré uniquement à la SF transalpine. En page 149, Jean-Pierre Fontana y va d’un historique complet. Vous me connaissez, c’est cela que j’ai lu en premier, bien sûr. Très intéressant, depuis ce bon vieux Leopardi jusqu’à Valerio Evangelisti, il trace une esquisse de l’Imaginaire italien, très peu connu chez nous, et, en fin de compte, pas très abondant. Oui, nous connaissons Dino Buzzati et Italo Calvino, peut-être Lino Aldani aussi, mais c’est à peu près tout. A lire donc, même si une véritable lignée d’auteurs ne s’affiche pas, plutôt une série d’écrivains isolés.

Qu’en est-il des fictions incluses, toutes italiennes ? Une valeur essentielle, qui se vérifiera tout au long du recueil : la qualité exceptionnelle du style. Tous ces textes sont très bien écrits. Merci sans doute aussi aux traducteurs, Pierre-Jean Brouillaud surtout. Certaines nouvelles sont fortes. Le Vatican inspire Selene Verri et l’ineffable Serena Gentilhomme, présente bien sûr (A.D.3013). Les meilleures ? Le jongleur, par exemple, de Ugo Malaguti, poème en prose mêlant érotisme à la science-fantasy. Terreur à Luna City (La vengeance du jumeau vert) d’Antonio Bellomi est très amusant, mini space opera au cinquième degré. Beaucoup plus sérieuses sont Les rouges collines de la Terre de Fabio Calabrese, commençant comme du Wyndham pour finir comme du Sheckley : un bijou ! Le texte le plus brillant est sans doute celui d’Evangelisti (L’homme de main), dystopie dans laquelle les rênes de la politique italienne sont tenues par les partis politiques suivants : Cosa Nostra, Camorra, Ndrangheta ou Stidda. C’est la 3ème république et tout fonctionne selon les règles de la mafia. Faut le faire, car tout est parfaitement cohérent. Un grand bravo.

Et je souhaite un bel avenir à la SF italienne !