Galaxies Hors Série : Mundanes
Avec grande pompe, le rédacteur en chef, Pierre Gevart, annonce la naissance d’un nouveau courant, le genre Mundane.
Diantre, de quoi s’agit-il ?
En fait, la revue-soeur britannique, Interzone, avait publié en 2008, un numéro spécial consacré à cette nouvelle tendance : en voici le reflet. Sous l’égide de Geoff Ryman, âme du mouvement, cette tendance veut faire « de la SF la meilleure des SF possibles », soit « épurée de tout le fantastique, de toute la magie non dite, de tout ce qui pouvait paraître scientifiquement peu probable ». Un retour à la SF hard science pure et dure ?
Voici donc sept textes se réclamant de ce courant, soumis à notre sagacité. D’emblée, je me suis méfié. Le courant ne fait pas l’auteur. Il ya de bons et de mauvais textes de hard science, de cyber punk, d’uchronie ou de cyber punk. Le talent provient des auteurs, non pas du genre qu’ils incarnent. C’est comme dans toute la production artistique, de la peinture à la musique ou au cinéma. J’ai donc lu avec attention ces sept textes, espérant découvrir une étincelle commune. En vain. Par contre, j’ai apprécié la force de deux nouvelles, liées je pense au talent de leur auteur. Notes sur Endra, tout d’abord, de Chelsea Quinn Yarbro, proche d’une fantasy vancienne qui n’est pas pour me déplaire. S’y ajoute un côté nostalgique et mythique assez prenant. Est-ce ’mundane’ ? Ensuite Les Invisibles d’Elisabeth Vonarburg, dont la particularité formelle est d’être écrite à la deuxième personne du pluriel. Jeu bizarre et fascinant entre un acteur et deux ’héros’ ignorant leur rôle. Est-ce ’mundane’ ? Nous sommes ici dans un avenir peu flatteur, plutôt terne et dystopique, avenir que décrivent également les nouvelles de Lavie Tidhar, Billie Aul, R.R. Angell, et Anil Menon, qui n’ont pas particulièrement retenu mon attention. Quant à celle du maître d’oeuvre, Geoff Ryman, Les mots ne coûtent pas cher..., très technique, elle ne m’a que peu emballé.
Déception alors ? Oui, certes. Comme je l’ai dit, le courant ne fait pas l’auteur. Les deux nouvelles remarquables sont des nouvelles à part entière, ’mundane’ ou pas. Dommage pour Geoff Ryman, dont l’introduction et l’interview, pourtant intéressants, annoncent quelque chose de passionnant... qui n’arrive pas. Mais peut-être le mouvement doit-il faire sa cure de jeunesse ? Je ne sais. Attendons voir.