Jardins de Klarkash-Ton (Les)
Les éditions de la Clef d’argent poursuivent leur exploration de l’univers de Clark Ashton Smith. Après Les Mondes perdus, par Jean Marigny, commentés ici-même, voici donc Les Jardins de Klarkash-Ton.
Dans un petit opuscule de 41 pages, Philippe Gindre, grand spécialiste et traducteur de l’auteur, et responsable du site www.klarkash-ton.org nous détaille avec délectation cette ’horreur végétale’ si caractéristique des récits fantastiques du Maître d’Auburn. Il distingue ces hybrides monstrueux en symbioses végétal/entité mauvaise et végétal/humain.
Dès les premières oeuvres telles Le démon et la fleur ou Le mangeur de haschisch, la plante maléfique fascine.. Pour culminer dans l’une des nouvelles les plus belles – et les plus connues – Le Jardin d’Adompha (1938). Souvenons-nous : le mage Dwerulas ’garnit’ le jardin de son roi : « Des membres et des torses entiers avaient été unis à des arbres monstrueux. Certaines des immenses fleurs en forme de plateaux soutenaient des coeurs palpitants et d’autres, plus petites, avaient pour centre des yeux qui s’ouvraient et se fermaient encore entre leurs cils. Et il y avait d’autres greffes, trop obscènes ou repoussantes pour être décrites ». L’horreur végétale à l’état pur. D’autres nouvelles encore porteront cette empreinte terrible comme L’Empire des nécromants ou Le Labyrinthe de Maal Dweb. Allant toujours plus loin, Philippe Gindre a ce joli titre « Exobotanique de l’extrême » pour aborder les textes de Smith relevant de la SF, tels La Semence de Mars et son dieu-plante enserrant toute la planète rouge, ou Abandonnés dans l’Andromède avec son hydre de trente mètres de long.
Tous ces êtres ’créés’ par Smith sont soit naturels, soit artificiels, adorés ou condamnés, et se souviennent tant d’un certain romantisme que de la littérature décadente (Gindre cite Huysmans, par deux fois).
Des notes éclairantes et une bibliographie succincte complètent cette passionnante étude.
Philippe GINDRE, Les Jardins de Klarkash-Ton ou l’horreur végétale selon Clark Ashton Smith, La Clef d’argent, coll. KhRhOn n°4, Dole 2008, ill. de couv. Patrick Mallet, 41p.