Bohème

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C’est une uchronie steampunk qui nous présente un monde où la Terre a réagi aux excès de la révolution industrielle par l’apparition d’une substance acide très dangereuse, l’écryme. Les cités qui ont surcécu à cette inondation sont reliées par des passerelles métalliques et des dirigeables et gérées par un régime totalitaire, la Propagande, qui s’appuie d’une part sur les konzerns dirigés par des capitaines d’industrie, d’autre part sur le clergé et la police.
Mais comment sont découpés les différents pays, dont les noms et les positions semblent mal fixées entre les différentes parties des deux romans qui constituent ce livre (Les Rives d’Antipolie d’abord, Revolutsya ensuite) ? Dans la première partie, l’armée pragoise est en guerre avec des Pentapoliens qui disparaissent ensuite du roman. Dans la deuxième, les Mongols marchent sur Moscou, puis quand la Révolution a éclaté et séparé Moscou, le roman les oublie. Etc. Avec un tsar Nicolas III dont on ne sait pas vraiment où il règne, un Raspoutine qui a des disciples, des Soviets (plutôt des Bolcheviques, le mot soviet ne semble pas utilisé de manière conforme à ce qu’il a représenté dans notre histoire), etc.

Nous avons un pur feuilleton populaire avec des personnages parfaitement caricaturaux, les méchants comme les « bons », où les épisodes se succèdent sans s’enchaîner ou se répondre. Le pire est l’épilogue des Rives d’Antipolie qui survient de façon abrupte alors que l’histoire est très loin de s’être terminée et de justifier cet épilogue. Un peu comme si, dans une histoire de la Guerre Européenne de 14-18, l’armistice de 1918 concluait la Bataille de la Marne ou, l’histoire ayant un peu avancé, celle de Verdun ; c’est en tout cas ainsi que je l’ai ressenti.

Si on se contente de lire comme des épisodes, parfois successifs, parfois lointains, de feuilletons, cette histoire où une « avocate-duelliste » pragoise va devenir l’héroïne de la révolution contre la Propagande, et enfanter les « dieux-machines » qui aideront à la réconciliation de la Terre et de la machine, si on apprécie les images, souvent originales, mais généralement incompatibles entre elles de ce(s) monde(s) où l’écryme absorbe les sentiments, puis les restitue, ou s’incarne en personnages mythiques, bref si on aime le rocambolesque et la fantaisie, on appréciera cette oeuvre sans prétention. Et dont la deuxième partie demeure ouverte à une (des) suite(s).

Bohème, par Mathieu Gaborit, couv. Sam Van Olffen, 386 p., Folio SF n° 374

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