Feuillets de cuivre
Un espoir maintenant confirmé
Fabien Clavel, disons-le de suite, est en passe de devenir une valeur sûre de la littérature de l’Imaginaire francophone. Remarqué avec la série Nephilim (réédité par les éditions Mnémos), il avait plutôt surpris son monde avec le très réjouissant Évangile des cannibales qui mélangeait allègrement des réflexions sur la place du troisième âge dans nos sociétés « jeunistes » et « consuméristes ». Il revient ici avec Feuillets de cuivre, récit qui se révèle finalement très ambitieux.
Au temps de la vapeur et de la commune
Paris en 1872, un an après l’insurrection de la Commune. L’inspecteur Ragon est appelé sur ce qui ne s’appelle pas encore une scène de crime (pardon de l’anachronisme) où il retrouve le corps d’une prostituée tuée de manière plutôt insolite. Il remonte la piste de ce crime et retrouve le tueur de façon… toujours insolite. Sa récompense est d’épouser une autre prostituée, Lise, dont il est fou amoureux. Dix-sept ans plus tard, notre inspecteur a grossi et est appelé pour un autre crime. Il découvre un corps curieusement androgyne, assassiné outrageusement : grâce à l’analyse des lettres de la victime, Ragon retrouvera le coupable. Peu à peu, Ragon est appelé régulièrement au tournant des 19e et 20e siècles à résoudre des crimes atroces, derrière lequel se cache un cerveau désireux de jouer avec lui au chat et à la souris. Mais ce cerveau est-il seulement humain ?
Une ambition narrative
Fabien Clavel a clairement ici l’ambition de mélanger le steampuk et le fantastique en juxtaposant des nouvelles qui s’emboitent pour donner un roman plutôt original où l’intertextualité s’en donne à cœur joie ! Nous croisons des écrivains comme Goncourt, d’autres sont textuellement cités comme Baudelaire (Ragon se voit à un moment comme un albatros). C’est feuilletonnesque et plutôt réjouissant. Feuillets de cuivre démontre une fois de plus les qualités de Fabien Clavel qui se classe désormais dans le premier rang des auteurs français du genre. Saluons également le travail de l’éditeur qui offre ici un bien bel objet, très bien relié.
Fabien Clavel, Feuillets de cuivre, éditions Actusf, postface d’Isabelle Perier, novembre 2015, 344 pages, 20 €
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