Feuillets de cuivre

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Construit selon le principe du feuilleton façon XIXe siècle, ce nouvel opus de Fabien Clavel se révèle plein de surprises.

 

Après deux ouvrages très zombiesques, je retouve Fabien Clavel mais dans le steampunk.

 

D’abord le pitch : un inspecteur particulièrement obèse, marié puis veuf d’une ex-prostituée,  nous entraine via ses carnets dans ses enquêtes sur une trentaine d’années (1872-1912). Les chapitres vont en longueur croissante, un peu comme le personnage s’enrobe de plus en plus, jusqu’à mettre sa mobilité et sa vie en grave danger (réflexe de protection dirait un psuy). Son Némésis est particulière retord, cruel et fuyant comme une anguille.

 

Mais en fait, si tout cela semble un peu ordinaire, Feuillets de cuivre propose divers aspects très inhabituels :

1. Sa structure « en orbe » : on va dire que petit à petit chaque détail, chaque élément prend de l’importance mais qu’on ne peut comprendre laquelle qu’arrivé à la fin. En montant son livre comme un mécano, avec des petites « broutilles » qui semblent insignifiantes pour trouver justification par après, Fabien Clavel a écrit un opus qui appelle à reprendre la lecture par début, dès le volume fini.

2. L’inspecteur  Ragon évolue d’une manière surprenante : au départ, il semble peu sympathique, balourd et bizarre pour révéler toute la complexité d’un homme torturé, malheureux et généreux.

3. La littérature et le métatexte sont ultra présents. Les personnages rencontrés sont autant de références culturelles à l’Histoire, des plus évidents comme Goncourt, aux auteurs de dictionnaires de latin comme Gaffiot ou de grec comme Bailly, entre autres. L’ensemble du jeu entre le policier et l’assassin se présente sous la forme de pastiches d’extraits d’œuvres des grands auteurs du Romantisme (Hugo), de la science-fiction mêlée d’aventure (Vernes),  du naturalisme (Zola)… et je vais arrêter de refaire l’Histoire de la littérature de 1800 à 1920, vous en trouverez par vous-même !

4. Les récits ressemblent à des textes d’un style encore assez courant, classique comme on en trouve dans du Agatha Christie ou du Doyle mais avec une touche moderne de cliffhanger, de méchant récurent et insaisissable. Une montée en suspense,  un méchant qui sème des petits cailloux blancs… épisode après épisode.

4. Une préface qui m’a scotchée après une page, le temps de filer lire la signature et de ne pas être surprise d’un trouver celle d’Etienne Barillier, qui a déjà acquis ses lettres de noblesse sur le sujet (Le guide du steampunk, aussi chez Actu SF). Je me suis offert le plaisir de la relire pour clôturer ma lecture.

5. Et pour couronner le tout, un petit mot de l’objet : une couverture rigide, bleu moucheté avec un titre en couleur cuivre, une tranche soignée « comme autrefois » bref un vrai bel objet pour tout fan.

 

On ne va pas aller plus loin, même s’il y a de quoi faire une étude bien plus approfondie.  Il n’y a qu’une seule option : achetez-le, plongez dedans car rien ne vous le fera regretter !

 

Feuillets de cuivre, par Fabien Clavel, ActuSF

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