Entends la nuit
Ce livre se veut d’abord une parodie de toute la vague bit-lit, en particulier de Twilight. S’y mélange une autre forme de vampirisme : les excès du patronat. Quoi de plus normal donc que nos vampires, ou plutôt nos lémures car Catherine Dufour retrouve chez les Romains des légendes de morts-vivants ou de fantômes agressifs, soient les patrons d’une compagnie particulièrement prédatrice et irrespectueuse du droit social ? L’héroïne, Mariame, qui en avait marre de sa vie au jour le jour dans un squat d’Amsterdam, a trouvé une place dans une entreprise, la Zuidertorn, particulièrement en avance quant au traitement anti-éthique des employés : toilettes non chauffées sans papier, surveillance permanente à l’aide des cameras des ordinateurs, etc. Le genre d’entreprise dont la productivité devrait être nulle... Et dans cette entreprise, elle rencontre, d’abord virtuellement sur l’ordinateur ou par le téléphone puis réincarné, Vane qui s’avère, comme les autres directeurs de la société, être un lémure... Et qui est amoureux d’elle.
Comment cette histoire d’amour va se transformer en thriller, vous le verrez plus loin...
Catherine s’est aussi amusée à truffer son roman de promenades plus ou moins inattendues dans Paris, que les Parisiens d’une part, les provinciaux de l’autre, apprécieront en découvrant, ou en redécouvrant, différents endroits.
Et son héroïne est, bien sûr, très différente des oies blanches de la plupart des romans de bit-litt. Elle conserve en permanence un regard extérieur sur ses propres actes et sur ce qui lui arrive.
Alors, comme souvent, la question n’est pas « Et si... », mais « En quoi cette histoire reflète-t-elle notre monde à nous ? » Je vous laisse chercher votre réponse.
Entends la nuit, de Catherine Dufour, L’Atalante, 2018.,348 p., couverture d’Aurélien Police, cat.6, ISBN 978, 2-841-72875-6