Demain les chats

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La quatrième :

Pour nous, une seule histoire existait : celle de l’humanité. Mais il y a eu LA rencontre. Et eux, les chats, ont changé à jamais notre destinée.

 

Je l’attendais celui-là. En première de couverture, une photo sublime qui accroche, et qui n’est pas sans me rappeler le regard de notre Ares, copie conforme de cette photo. Les inscriptions légèrement en bas-relief apportent un petit côté luxueux. Bref, la vitrine est alléchante et j’avais hâte de rentrer dans le magasin.

L’idée de départ est sympathique. C’est l’histoire de deux chats. Bastet, qui cherche à communiquer avec les humains, et Pythagore, un ex chat de laboratoire qui possède une prise USB sur son crâne. Dès les premières pages, on pose des jalons. Le monde va mal, au bord d’une guerre totale. Il y a rapidement un parallèle qui se crée avec l’actualité des attentats. L’univers se veut plutôt réaliste et ces deux chats vont chercher des solutions pour survivre. Le récit est raconté au travers des yeux de Bastet.

Le point de vue est intéressant et il y a de la matière pour tirer les ficelles adéquates, mais ce ne fut pas le cas. Le style narratif, les comportements des chats, l’histoire en elle-même, rien n’a réussi à me convaincre.

Bastet est une chatte qui s’exprime avec érudition, mais se montre parfois plus idiote qu’une amibe. Pythagore, grâce à sa connexion USB, comprend tout de l’humain. Il est politologue, historien, philosophe, instruit dans de très nombreux domaines. Tout au long du roman, il éduque Bastet en lui apprenant des nouveaux mots. Celle-ci apprend par exemple que le « monolithe mural » s’appelle en fait une télévision. Ainsi, cette chatte connait des mots comme monolithe mural, mais pas le terme télévision… Ce style d’apprentissage est un fil conducteur et les exemples du même type se répètent de nombreuses fois. Bastet s’exprimant avec des termes très littéraires, une certaine noblesse dans le phrasé, mais trop ignare pour définir tel ou tel objet usuel. J’ai bien compris le désir de l’auteur de donner une dimension d’enseignement et d’évolution à son personnage mais, hélas, j’ai trouvé que cette méthode manquait cruellement de cohérence, et la mayonnaise ne prend pas. J’aurais pu passer au-delà de ces détails mais ça ne s’arrête pas là…

Terrorisme, épidémie, guerre, explosions, pillages, famine, etc. Plus tard dans le roman, on en est au stade où il n’y a plus rien à manger, où le chaos règne dans les rues, décimées par des pilleurs ou des hordes de rats transmetteurs de peste, mais l’électricité reste fonctionnelle, Internet également, de même que les diffusions à la télévision. Bastet met sa patte sur une grenade et la dégoupille avec ses crocs. Elle va aider Pythagore à enfiler un harnais avec un smartphone sur son dos, raccorder la prise à son crâne et tapoter sur les petites touches de l’écran pour initier une connexion Internet… Dans un roman qui veut respecter un certain réalisme, c’est le genre de scènes plutôt grosses à avaler. Il m’a été impossible de me faire une représentation visuelle de l’univers du roman. Tantôt réaliste, tantôt complètement fantaisiste. Enfin soit, tous ces détails mis bout à bout m’ont empêché de rentrer dans l’histoire et d’y prendre plaisir. D’une bonne idée de départ, ça m’a donné l’impression que l’auteur s’était empêtré en dosant réalisme, actualité et imaginaire, n’importe comment. Tout du moins, je n’ai pas compris où il a voulu en venir avec un style, semi fantastique, semi fantasy, qui bouscule les codes de cette manière. Rageant et buttant sur chaque élément perturbateur similaire, j’ai préféré stopper la lecture avant d’arriver à la fin.

J'avais adoré sa trilogie "fourmis" ainsi que les Thanatonautes. Werber a un style qui me plait et ça me peine de conclure d’une manière si négative. Malheureusement, même si je suis persuadé que certains lecteurs seront capables d’outrepasser ce genre de détails, ceux-ci m’ont paru trop grotesques pour pouvoir apprécier l’histoire.

 

Demain les chats, par Bernard Werber, éditions Albin Michel, octobre 2016, 320 pages, 978-2-226-39205-3, 20,90€

Lien externe : http://www.albin-michel.fr/ouvrages/demain-les-chats-9782226392053

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