DURHAM David Anthony 01
Dites-nous quelque chose à votre propos ? Qui êtes-vous ?
Je suis un auteur de romans fantastiques et historiques. Mes deux premiers livres se passaient au 19ème siècle en Amérique. Mon troisième, « Pride of Carthage » parle d’Hannibal et de la guerre contre Rome (Je souhaiterai qu’il soit publié en France). Et mon quatrième, bien sûr c’est « Acacia », la saga fantastique dont je suis fier de dire que c’est ma première publication en France.
Autrement, en bref … Mes parents sont originaires des Caraïbes. Ma femme d’Ecosse et mes enfants ont deux passeports. J’ai été guide de rafting en eau vive et instructeur de varappe. Maintenant j’ai un peu levé le pied. J’enseigne l’écriture créative à l’Université à Fresno.
A quel âge avez-vous commencé à écrire ?
J’ai commencé à écrire en 2 étapes. D’abord, j’avais 13 ans. Je suis tombé amoureux des auteurs de fantastiques comme J.R.R. Tolkien, Ursula K. LeGuin, Lloyd Alexander et C.S. Lewis. C’est grâce à la fantasy que j’ai découvert mon amour de la lecture et quasi aussi vite que j’ai déclaré vouloir devenir romancier. J’ai conservé le cahier dans lequel j’ai écrit mes premières histoires. Une parlait de guerriers-tortues… Une bonne idée…
Mais le reste de mon adolescence a plutôt été malheureuse. J’ai perdu le goût d’écrire et me suis dirigé vers d’autres choses – la plupart pas très productives !
J’ai recommencé à écrire vers les 20 ans, à l’Université. Et depuis, je le fais avec sérieux.
Vous souvenez-vous encore de vos premiers textes ? Que sont-ils devenus ?
J’ai conservé le cahier dans lequel j’ai écrit ces premières histoires, depuis le Collège… Il y a une caisse avec ses histoires des premiers âges dans le grenier de mon beau-père. Je les récupèrerai bien un jour.
Comment écrivez-vous ? Est-ce une profession pour vous ? Quelles sont vos autres passions ?
J’ai été auteur à temps plein mais depuis peu, j’enseigne aussi, comme seconde source de revenus. Mais je me considère d’abord comme un auteur. C’est la seule carrière que je veux vraiment faire et heureusement, je vais bientôt pouvoir y revenir à temps plein !
D’autres passions ? Je passe une bonne partie de mon temps à faire du camping et des randonnées en famille. Les Montagnes de la Sierra Nevada en Californie sont très belles, tout comme la côte pacifique. Nous quittons la ville aussi souvent que possible. Cela me lave la tête. C’est au cours de randonnées que j’ai eu pas mal de mes meilleures idées d’histoires.
Pourquoi l’écriture ? Quel est, selon vous, le rôle de l’auteur dans notre société ?
Peut-être suis-je naïf mais je sens qu’il est important d’aborder des problèmes de la vie réelle dans mes fictions comme dans mes romans de fantasy. « Acacia » est une aventure fantastique mais insérée dans un vrai monde où le commerce, l’esclavage, la drogue en distribution nationalisée et la construction d’un empire sont des réalités avec lesquelles les personnages doivent jouer. J’espère que les lecteurs vont apprécier mes romans mais j’aimerais aussi qu’ils prennent part ainsi au grand dialogue sur le monde dans lequel nous vivons.
La subversion, l’engagement politique ont-t-ils toujours leur place dans le choix d’écrire de la science-fiction plutôt qu’autre chose ?
Bien sûr que oui. Ce n’est peut-être pas le cas de tous les auteurs mais c’est un choix dans mon œuvre. Je ne peux pas m’imaginer impliqué dans le long processus de l’écriture d’un roman si je ne pensais pas écrire quelque chose qui pousserait le lecteur à la réflexion.
C’est la même chose pour mes autres romans. « Pride of Carthage », par exemple, est une histoire sur une ancienne guerre mais aussi sur les victimes de guerre, la difficulté de se faire des alliés de races et de religions différentes, et le terrible effet que chacun des puissants peut avoir sur le monde. Ces problèmes existaient il y a 2000 ans. Ils sont toujours d’actualité. C’est ce que je veux dans mes histoires et c’est ce qui me semble être mon rôle d’auteur de gérer et des problèmes sérieux et du divertissement.
Selon vous la SF est-elle une forme littéraire en soi ou fait partie du mainstream ?
La science-fiction et le fantastique/fantasy sont des courants littéraires populaires. Je dis « mainstream » (courant) parce que – au moins en Amérique – le monde académique snobe le genre. Même dans mon département universitaire, c’est le cas. Ils me respectent pour mes romans précédents mais sont fort gênés par mes créations en fantasy…
Mais, pour moi, il n’y a pas de différence. Un roman sur Hannibal est un roman sur un monde passé. C’est fantastique, étrange, étranger mais encore aujourd’hui, on peut s’y identifier. Un roman comme « Acacia » inclut fantastique, étranger et étrange et j’espère qu’on peut aussi s’y reconnaître au travers des actions des personnages de ce monde imaginaire.
Maintenant que j’ai sorti tout cela, je vais parler de mes propres intérêts. Je pense qu’il est super pour un romancier de se distraire. Toute la science-fiction ne veut pas relever de la littérature et c’est très bien ainsi.
Avez-vous voyagé dans de nombreux pays ? Lequel vous a le plus impressionné ?
La France, of course !
En toute honnêteté, mon séjour en France a été très important pour moi. Je suis resté 6 mois à Albertville. Ma femme travaillait là et pendant ce temps, j’écrivais mon tout premier roman publié « Gabriel’s story », qui parle des colons noirs au Far West dans les 1900. Mais je l’ai bien écrit alors que j’étais en France !
J’aime beaucoup l’Ecosse aussi, où j’ai vécu 5 ans. Quel beau paysage ! J’ai écrit pas mal de pages de mes second et troisième romans en escaladant collines et vallées écossaises. Oh oui j’y ai rencontré ma femme et cela laisse une forte impression !
Pour vous « Acacia » est un roman historique avec de la fantasy ou un roman de fantasy avec des notes historiques ?
Un roman de fantasy avec des notes à caractère historique.
Si le royaume d’« Acacia » existait vraiment ici, sur terre, dans quel pays ou quel continent le placeriez-vous ?
C’est un peu l’Amérique sur l’île de Corse, avec l’Europe au nord et l’Afrique au sud..
Pourquoi avoir choisi des noms de personnages aussi proches des noms humains ? Corinn ressemble à Corine, Dariel à Daniel. Est-ce plus facile à créer un monde de fantasy si certains éléments sont inspirés de notre réalité ?
Il y a aussi de nombreux noms différents. Mais cela fait artificiel quand les noms sont trop différents. Certains, selon moi, doivent avoir des consonances proches de nos propres noms – même si c’est une coïncidence. En général, cela aide à voir notre réalité. Notre monde est un bon modèle pour tout monde de fantasy.
Y aura-t-il plus de fantasy dans les prochains tomes ? Je m’explique : dans « Acacia », j’ai trouvé plus d’éléments de fantasy qu’un réel nouveau monde fantastique.
Je comprends bien ce que vous dites. Et, oui, je pense que oui. J’ai toujours voulu mettre de plus en plus d’aspects de fantasy dans les nouveaux livres. C’est plus magique, plus mystérieux, plus de créatures fantastiques et on parle plus de races extraterrestres. C’est un monde où la fantasy va en augmentant.
De ma lecture, je dégage l’idée que les vrais personnages principaux sont en fait les deux sœurs, Corinn et Mena. Pensez-vous que le matriarcat est meilleur pour une société ?
Non, pas exactement. J’ai juste trouvé ces rôles plus intéressants et je profite qu’elles ont des dons et des talents qui peuvent les rendre plus puissantes. Est-ce que cela veut dire qu’elles seraient plus capables de régner sur l’empire que Aliver ou Dariel ? Non, il y a bien assez d’erreurs à commettre pour eux tous !
Le volume suivant sortira (en anglais) vers l’été prochain, 2009. Ce n’est pas très courant, en France, de commencer à traduire des trilogies encore non finies.
« Acacia » est un roman en soi. Il n’a pas absolument besoin d’une suite. Je l’ai écrit pour qu’il en puisse exister seul, si cela était nécessaire, et aussi pour qu’il puisse être le début d’une saga. Il semble que c’est la seconde qui prend le pas et je reçois beaucoup d’e-mails me demandant la suite. Et j’en suis ravi.
Pour l’édition française, le Pré-aux-Clercs a déjà accepté de publier le tome 2 et je suis sûr d’assurer le tome 3 assez vite.
Aimeriez-vous voir « Acacia » au cinéma ? Dans vos rêves les plus fous, qui voyez-vous comme réalisateur ? Et comme acteurs idéaux ?
Bien sûr j’adorerai voir « Acacia » en film. Relativity Media a acheté les droits et un scénariste, Andrew Grant, est déjà au travail. Il est assez futé et je suis heureux qu’il s’en occupe.
Au sujet des réalisateurs et des acteurs, je préfère ne pas répondre. C’est un peu bête de sortir des noms de réalisateurs ou de comédiens en vue. Je ne connais pas de réalisateur qui puisse être meilleur qu’un autre. Les meilleurs acteurs peuvent être des gens dont je n’ai jamais entendu parler. En plus, c’est ce que j’espère.
J’aimerai beaucoup que ce film dévoile de nouveaux talents et crée de nouvelles stars.
Quel est votre auteur de fantastique préféré ?
Je n’en ai pas vraiment un. J’ai des auteurs favoris. Si je peux mêler SF et fantastique, je dirai : Octavia Butler, Neil Gaiman, Frank Herbert, Ursula K. LeGuin, Kelly Link, George R.R. Martin, Dan Simmons, Neal Stephenson et bien sûr, Tolkien.
Quel est votre auteur de littérature générale préféré ?
Margaret Atwood, Russell Banks, T.C. Boyle, Michael Chabon, Louise Erdrich, Milan Kundera, Gabriel Garcia Marquez, Edward P. Jones, Cormac McCarthy, Ben Okri, Gore Vidal…
Quel est votre roman de fantastique préféré ?
« Les brigands » de George R.R. Martin ou « American Gods » de Neil Gaiman
Quel est votre roman hors fantastique préféré ?
« Beloved » de Toni Morrison, ou « Création » de Gore Vidal, ou « L’insoutenable légèreté de l’être » de Milan Kundera… Je pourrai continuer la liste mais je vais arrêter ici.
Quel est votre film de fantastique préféré ?
« The Princess Bride »
Quel est votre film hors fantastique préféré ?
Je ne sais pas… « Princess Bride » ?
Quel livre d’un autre auteur auriez-vous désiré avoir écrit, soit parce que vous êtes jaloux de ne pas avoir eu l’idée le premier, soit parce que vous auriez traité l’idée d’une autre manière ?
« Watership » Down de Richard Adams.
Qu’est-ce qui vous énerve ?
George W. Bush.
Outre l’écriture, quels sont vos hobbies ?
Faire du vélo, de la randonnée et du camping.
Quel est le don que vous regrettez de ne pas avoir ?
Je n’ai aucun talent pour la musique mais cela m’aurait bien plu.
Quel est votre rêve de bonheur ?
Etre un auteur à temps plein, vivre dans le même pays que mes proches, les longs conciliabules avec mes chiens et être en bonne santé.
Par quoi êtes-vous fasciné ?
L’histoire, l’écriture d’histoires, mes enfants, l’amour de ma femme et ma famille.
Vos héros dans la vie réelle ?
Tous ceux qui donnent leur vie pour aider à faire de ce monde un monde meilleur. Les gens qui se sacrifient pour les autres. Qu’y a-t-il de plus héroïque que cela ?
Si vous rencontriez le génie de la lampe, quels vœux formuleriez-vous ? (3)
Cela ne marche jamais, n’est-ce pas ? Je ne pense pas que je demanderai quelque chose car je préfère travailler pour l’obtenir.
Votre vie est-elle à l’image de ce que vous espériez ?
C’en est pas très loin.
Last but not least une question classique : vos projets ?
Finir la trilogie « Acacia ». Continuer à écrire. Rester près de ma famille et être reconnaissant pour toutes les choses que j’ai.
Critique de « Acacia » ici !