DUPILLE Gaëlle 01
Gaëlle Dupille est une jeune auteure se partageant entre la France et le Canada et spécialisée dans la SFFF. Membre du collectif d’auteurs de SFFF/horreur franco-québécois « Les Fossoyeurs de Rêves », elle est également la créatrice et rédactrice en chef du webzine et des Editions de L’Imaginarius.
On lui doit plusieurs nouvelles fantastiques horreurs telles que « Lucy » ou encore « Le Cysgodion » dans des anthologies parues chez Lune Ecarlate ainsi que « La première colonie » chez L’Ivre-Book pour ne citer que celles-là.
Son actualité est chargée avec plusieurs nouvelles à paraître dans diverses anthologies et webzines ou encore des projets solos.
Nous vous proposons de découvrir plus en détail cette auteure à la plume acérée et prometteuse au travers d’une petite interview.
Gaëlle, tu es auteure et rédactrice en chef de « L’imaginarius ». Pourrais-tu te présenter plus en détail ?
Je suis également rédactrice web et correctrice. Dans une autre vie, j’étais professeure de français langue étrangère, mais j’ai stoppé cette activité il y a plusieurs années déjà.
Dans la vie de tous les jours, j’aime voyager, les chats, cuisiner et organiser des dîners pantagruéliques avec mes amis, faire du yoga, peindre, chanter, me balader en forêt durant des heures… En gros, je suis une personne relativement « normale » ! (j’ai bien dit « relativement » !).
Ton fantastique est sombre, torturé. Comment se déroule l’écriture d’un texte pour toi, de sa genèse à son point final ?
J’ai plusieurs méthodes pour faire surgir des idées. La première est de faire une longue marche en vidant mon esprit. En général, au bout de quelques dizaines de minutes, une idée arrive. Si rien ne se produit, j’utilise un dictionnaire et je choisis 10 mots au hasard en me donnant pour objectif de trouver une histoire à partir de ces 10 mots. C’est dingue, mais ça fonctionne à chaque fois ! Sinon, j’utilise mes rêves (ou cauchemars) pour plus de la moitié de mes textes.
Une fois l’idée jetée sur papier, je rédige un plan très détaillé de mon histoire, du début à la fin. Ensuite, j’écris surtout le soir, à la nuit tombée, deux à trois heures par jour, selon mon emploi du temps.
La nouvelle « Le cysgodion », parue dans l’anthologie « Contes de l’ombre » auprès de Lune Ecarlate est un modèle du genre. Tu sembles attirée par les terreurs enfantines. Alors, qu’est-ce qui te fait peur ?
Quand j’étais petite, j’avais déjà un peu trop d’imagination. Je voyais des créatures terrifiantes partout dès que la nuit tombait ! Devenue adulte, toutes ces peurs ont bien entendu disparu mais ont été remplacées par une autre bien plus concrète : celle du nucléaire. J’avais 10 ans au moment de l’accident de Tchernobyl et ça m’a traumatisée, je crois. Depuis, dès que j’entends une histoire d’incident dans une centrale, j’avoue que je ne suis pas rassurée du tout… mais franchement, qui pourrait l’être ?
As-tu un rituel d’écriture spécifique ?
Oh que oui ! Je relis d’abord ce que j’ai rédigé la veille, puis, je me lance, de préférence dans le calme. En général, j’aime bien m’éclairer à la bougie quand j’écris. J’allume aussi de l’encens Nag Champa pour embaumer l’atmosphère.
Y a-t-il un genre littéraire hors imaginaire que tu aimerais aborder ?
J’aurais bien aimé m’attaquer au genre policier, j’ai déjà essayé, d’ailleurs. Mais à chaque fois, malgré moi, des éléments fantastiques viennent se greffer à l’histoire ! Je suis donc une incorrigible amoureuse des SFFF, à qui je vais sans aucun doute rester fidèle pour un bon bout de temps.
« La première colonie » est une nouvelle parue aux éditions L’ivre-Book. Tu quittes le fantastique pour la science-fiction. Peux-tu nous expliquer pourquoi ce changement ? Comptes-tu également officier dans ce domaine à l’avenir ?
J’ai beaucoup aimé m’attaquer à ce genre. « La première colonie » était effectivement ma première incursion dans le monde de la science-fiction. Je lis de la SF depuis longtemps (j’adore Asimov), mais jamais je n’avais eu l’occasion d’en écrire.
Au départ, cette nouvelle était destinée à l’appel à textes d’une maison d’édition. J’avais envie de voir si j’étais capable de créer quelque chose d’intéressant, c’était un peu un défi que je me suis lancé. La maison d’édition a entre-temps annulé ce projet, mais comme j’aimais bien ce texte, je l’ai mis de côté. Je l’ai proposé à L’ivre-Book lorsque mon premier recueil a été retenu pour publication et qu’une nouvelle m’a été demandée pour me présenter aux lecteurs. Ce texte a été écrit en une (longue) soirée d’hiver, à Montréal, durant les répétitions de mon ami et de son groupe. Cette histoire me rappelle donc de bons souvenirs à chaque fois que je repense au jour où elle a été créée.
Je pense me plonger à nouveau dans l’écriture de nouvelles de SF. J’ai déjà une idée de recueil en tête, avec un personnage récurrent. Un roman dans ce même genre pourrait aussi voir le jour avant la fin de l’année.
Quels sont tes projets d’écriture ?
J’en ai beaucoup ! J’ai une nouvelle d’horreur en cours pour un appel à textes, le projet de 2 recueils fantastiques et de 3 romans. Je pense que tout cela va m’occuper au moins jusqu’à fin 2015.
Cite-moi trois auteurs que tu admires et pourquoi ?
Stephen King, pour la façon dont il a su mettre en avant son imagination tout en utilisant un vocabulaire simple, voire argotique, afin d’être compris par tous. Chapeau !
Lovecraft pour les univers sombres et envoûtants qu’il a créés tout au long de sa carrière et qui fascinent toujours autant.
Isaac Asimov, qui, pour moi, est le maître absolu de la science-fiction.
Et trois livres qui te semblent indispensables et pourquoi ?
« L’alchimiste » de Paulo Coelho. Je considère ce livre comme un véritable chef-d’œuvre. C’est un peu ma « bible païenne », où j’ai trouvé de nombreuses réponses à quelques questions existentielles, comme s’il avait été écrit pour moi.
« 1984 » d’Orwell. Orwell était un incroyable visionnaire, si talentueux que ce roman n’a toujours pas pris une ride, bien au contraire. Je l’ai lu au moins 5 ou 6 fois sans jamais m’en lasser.
« Alice aux pays des merveilles » de Lewis Caroll. J’adore la folie de l’histoire, qui ressemble à un rêve éveillé sous acide ! Je ne sais pas si ce roman est indispensable pour d’autres, mais pour moi, il l’est.
Un livre que tu n’as pas aimé et pourquoi ?
« Millénium – La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » de Stieg Larsson. J’avais bien aimé le premier volume de la trilogie, même si le premier chapitre était un peu laborieux. J’ai stoppé la lecture du second volet avant la fin du premier chapitre, malgré mes efforts. Je déteste arrêter mes lectures en cours, mais là, je n’ai vraiment pas eu le courage de continuer !
Si tu devais définir ton univers en quelques mots afin d’inciter les auteurs à te découvrir, que dirais-tu ?
C’est un univers souvent sombre et inquiétant, mais pas toujours. J’y instille ça et là un peu d’humour noir ou même, de la tendresse, comme c’est le cas dans un texte intitulé « Le retour », à paraître prochainement dans un nouveau webzine (je ne peux pas en dire davantage à ce sujet, pour l’instant, confidentialité oblige). Je pense que mon univers littéraire peut plaire à un grand nombre de lecteurs, pour peu qu’ils soient sensibles aux littératures de l’imaginaire.
Un dernier mot pour la route ?
Tout d’abord, merci à toi pour cette interview.
Ensuite, je dirais à tous ceux qui rêvent de devenir auteur de poursuivre leur rêve. Certes, ce n’est un rêve facile à atteindre, mais une fois que l’on y est parvenu, c’est si formidable de pouvoir partager son « monde intérieur » avec d’autres, qu’il ne faut pas hésiter à s’accrocher pour le réaliser !