Goût de l'immortalité (Le)
J’ai lu le livre de Catherine à sa sortie chez Mnémos, aussi réagis-je tout de suite à la 4° de couv qui, à mon avis, inverse le cœur du livre en présentant Cmatic comme le personnage central et l’adolescente « étrange » (de fait la narratrice) comme un personnage secondaire.
La couv’ de Jackie Paternoster est totalement sans intérêt. Mais le livre n’a rien perdu de sa noirceur et de son intérêt à la relecture.
L’histoire : en racontant ses souvenirs, la narratrice, qui a trouvé une voie magique vers l’immortalité quand d’autres la cherchent dans les greffes et le clonage, nous montre l’enfer pollué et inhumain qu’est devenu le monde du 22° siècle ; un monde où les blancs ont disparu, mais où les imiter, rechercher leurs souvenirs, est du plus haut chic dans la bonne société asiatique ; où les étages séparent suburbains sauvages et habitants des tours… Un monde où il faut vraiment être profondément intoxiqué par le « goût de l’immortalité » pour vouloir prolonger encore son existence…
Le style de ce roman est inimitable, que ce soit par l’usage particulier que fait la narratrice des majuscules, réservées aux Espèces Animales ou aux Fleurs et refusées aux noms propres, par les mélanges de citations venues des cultures asiatiques, parfois aussi des cultures occidentales…
Une fois que l’on a pénétré dans cet enfer futur, plus rien ne surprendra le lecteur, tellement ce monde est, hélas, cohérent et possible !
Bref, une des œuvres les plus construites et réussies que nous ait proposé récemment la SF française.
Ce livre a obtenu le Prix Bob Morane en 2006.
Catherine Dufour, Le Goût de l’immortalité, Illustration : Jackie Paternoster, 320 p, Livre de poche