Solitudes de l'ours blanc (Les)

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Profession tueur à gages

Marc Sisley est un tueur. Dépourvu d’état d’âme, il tue n’importe qui pourvu que le salaire soit conséquent. Au fil des années, Sisley a fini par devenir un des meilleurs dans sa partie. Un soir, il capture Albert Durieux, l’emmène en forêt, écoute ses supplications puis arrive le moment fatidique :

« Je brandis mon revolver à bout de bras, à dix centimètres de la tempe droite de Durieux qui, halluciné, est parcouru de spasmes incontrôlables. Je prononce ainsi les derniers mots qu’il entendra avant de rejoindre le néant.
_ - Un ours blanc meurt toujours dignement.

Puis je tire.

Le corps bascule vers l’avant, emporté par l’inertie du parpaing, et percute le sol mouvant et poisseux de la tourbière. »

Sisley a une mauvaise habitude, il aime donner son nom aux cadavres de ses victimes. Mais cette nuit-là, quelqu’un l’a entendu. Une femme. Sisley va tout faire pour la retrouver, surtout que l’existence de ce témoin est parvenue à ses commanditaires. Il en va de sa réputation professionnelle. Sisley ne se doute pas qu’il vient de mettre le doigt dans un engrenage qui va le conduire à sa perte.

Un roman gâché par sa fin ?

Déjà quelque chose étonne : Les solitudes de l’ours blanc relève clairement du roman noir, non de la science-fiction ou du fantastique. En soi, ce n’est pas un problème car Thierry Di Rollo a montré qu’il excellait dans les deux genres mais l’éditeur s’appelle tout de même « ActuSF ». Mais soit, foin des étiquettes. Ce livre, soulignons-le, commence de manière excellente : la description du meurtre, le ton froid et cynique du personnage principal frappent le lecteur. Puis, dès que le personnage de la jeune fille prend la main du récit, le rythme ralentit, le roman prend le tempo de la vengeance froide et implacable jusqu’à sa conclusion, attendue. Le chasseur devient proie et la proie chasseur…

A ce stade, on a le sentiment que Les solitudes d’un ours blanc constitue un exercice de style, plutôt réussi sans être éblouissant. Puis l’ouvrage déçoit franchement sur la fin : l’auteur ajoute un épilogue qui gâche le livre en livrant une clef – inutile, voire facile- pour comprendre le fonctionnement du personnage féminin. Dommage car on connait ici le talent de Thierry Di Rollo, son univers noir qu’il réussit à faire vivre dans le fantastique et le polar. Suit ensuite un entretien enlevé où l’auteur donne des indications sur son processus créatif, ses inspirations qui rachète la fin des solitudes de l’ours blanc qui aurait gagné à être plus elliptique…

Interview de Thierry Di Rollo

Thierry Di Rollo, Les solitudes de l’ours blanc, ActuSF, juin 2013, 212 pages, 12 €

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