Lignée (La)
Selon Marc Bailly
Le mythe du vampire existe depuis très longtemps. Il a pris toute son ampleur avec le Dracula de Bram Stoker. Ont suivi d’autres grands romans avec des écrivains comme Stephen King, Anne Rice, San Simmons, etc. Le cinéma et la TV se sont également emparés du filon avec Buffy, Blade et compagnie.
Guillermo Del Toro, grand réalisateur à qui l’on doit notamment Blade, Hellboy ou Le Labyrinthe de Pan, se met maintenant à l’écriture. La Lignée est le premier opus d’une trilogie vampiresque justement. On est loin, très loin des Carpathes de Stoker ou des vampires à la sexualité qui se cherche de Anne Rice. Non ici, ça se passe maintenant et à New York. Nous sommes plongés au cœur de l’action dès le départ.
Tout commence lorsqu’un vol transatlantique se pose à New York sans aucun problème. Les ennuis se déclenchent juste après, lorsque l’on découvre que plus personne ne répond à l’intérieur de l’appareil. En fait, tous les membres d’équipage et tous les passagers sont morts. Le système électrique ne fonctionne plus, ainsi que le système de ventilation. Mystère total.
Ephraïm Goodweather, chef du projet “canari”, et toute son équipe, sont dépéchés sur les lieux pour résoudre le mystère qui ira en s’épaississant.
De révélations en rebondissements, le récit de La Lignée se déroule de manière efficace, très efficace. La trame est menée tambour battant, l’écriture est sobre et efficace, les personnages sont crédibles, bref c’est une belle réussite.
Guillermo Del Toro, aidé de Chuck Hogan, porte cette histoire depuis quelques années en lui. Vous l’aurez compris, il s’agit bien ici de vampires. Des vampires modernes et qui ne se posent pas de questions. Le maître des vampires veut tout simplement conquérir la Terre. Tout un programme !!!
Je ne dis qu’une seule chose : j’attends impatiemment la suite. Et d’après les infos que nous avons, cette trilogie sera déclinée à la télévision.
Selon Christophe Corthouts
Oh, que voilà un exercice difficile ! Offrir au vaste monde de la littérature de l’imaginaire une relecture un tant soit peu originale du mythe du vampire. En ces temps où la tendance est davantage aux déclinaisons adolescentes et aux amourettes interdites entre suceurs de sang et jeune lycéenne complexée, Guillermo Del Toro (monsieur Labyrinthe de Pan, Hellboy et autre Echine du Diable, bientôt réalisateur du Hobbit sous le haut parrainage de Peter Jackson…) et Chuck Hogan (jeune valeur montante du thriller…) empruntent les chemins excitants d’une aventure scientifique rythmée comme un tube de hard-rock.
Un avion en rade en bout de piste, du côté de l’aéroport de JFK, des passagers frappés par un prédateur/virus inconnu… Il n’en faut pas plus pour alerter le Dr. Eph Goodweather et son équipe de spécialistes des menaces virales. Dans le même temps, Abraham Setrakian, survivant des camps d’extermination nazi et chasseur de vampires devine l’arrivée d’un vieil ennemi sur le sol américain.
Classique ? C’est sans compter la richesse de la mythologie que Del Toro insuffle au cœur d’un récit qui laisse le lecteur à bout de souffle ! Avec un sens aigu de la mise en scène, du suspense, La Lignée jette les bases d’une trilogie qui devrait faire date dans le petit univers de la littérature de genre. Les images évoquées par Chuck Hogan s’impriment dans les esprits et les relents d’Apocalypse qui flottent sur le fin du récit annonce une suite de la meilleure eau.
La Lignée, ou l’association géniale entre l’imaginaire d’un metteur en scène visionnaire et la plume acérée d’un auteur en pleine possession de son art.
Vite, la suite !
Guillermo Del Toro et Chuck Hogan, La Lignée, traduit par Hélène Collon , 450 p., Presses de la Cité