Christophe Collins 04

Auteur / Scénariste: 

Comment t’est venue l’idée de créer les personnages de Jack Sherwood et Eloïse Lark ?

Heu… En fait, tu me demandes de t’expliquer comment mon cerveau fonctionne… Vaste question. Plus sérieusement, j’avais écrit une bonne partie de 35MM alors que je travaillais avec Henri Vernes sur les aventures de Bob Morane. C’était une sorte d’évasion pour moi. Enfin « évasion », je ne voudrais pas que l’on imagine qu’écrire des Bob Morane était une prison… Mais disons que c’est écrire dans un univers existant, avec des codes, des personnages, des limites, qui sont celles et ceux invités par un autre auteur. A l’origine du roman se trouve cette idée d’un assassin qui utilise des films à succès comme base de mise en scène pour ses crimes. Et de là, a découlé l’idée de lui opposer un premier enquêteur… Puis un second. Une femme. Afin d’introduire un peu de tension, façon X-Files entre les personnages. Et voilà ! Ca paraît simple hein ?

 

Comment abordes-tu l’écriture d’un roman? As-tu une recette spéciale ?

J’y pense beaucoup dans ma tête à moi, tout seul, dans mon coin, avant de m’y mettre en fait. Je ne prends pas beaucoup de notes, je ne griffonne pas sur les serviettes de table… Non. L’idée est là. Elle s’accroche. Et si elle s’accroche assez longtemps, je commence à y penser sérieusement, à avoir envie de la coucher sur papier. Le souci avec ce système, c’est que j’abandonne parfois des idées, parce qu’il me semble qu’elles ont déjà été traitées par ailleurs. Pourtant, je sais, c’est Stephen King qui l’a dit, donc c’est vrai, qu’il n’y a pas un milliard de trames différentes… Mais une infinité de façons de raconter les mêmes trames. Par contre, lorsque je me lance, j’ai un point d’honneur : je ne veux pas m’ennuyer en écrivant. Parce que je me dis que si je m’ennuie, le lecteur lui aussi va arrêter de prendre son pied. Et je sais que cela peut me jouer des tours, parce que dans le rôle de l’auteur, parfois pn s’ennuie bien plus vite que le lecteur… Puisqu’on a, généralement, les grandes lignes de l’histoire dans la tête… Et se surprendre soi-même au fil de l’écriture, franchement, je n’y crois pas trop. Les auteurs qui disent « Mais si, les personnages font ce qu’ils veulent », il faut qu’ils arrêtent de boire ou de prendre des Smarties. C’est tout de même moi qui commande, nom d’une pipe en bois !

 

Tes romans sont truffés de références cinématographiques. Une manœuvre consciente pour que le lecteur ait des points de repère ?

C’est à la fois conscient et inconscient, je pense. J’ai grandi pendant les années Spielberg/VHS. Entre les productions Amblin et les mauvaises copies italiennes distribuées en vidéoclub… Ma culture du récit, mes références narratives sont davantage celles du cinéma que celles des romans… Même si j’ai dévoré King, Koontz, Masterton, Moorcock, tout ce qui sortait chez « Terreur », une bonne partie du Fleuve Noir… Mais lorsque j’écris, je « vois » des séquences, des images, des scènes d’action ou de dialogue. Donc, forcément, lorsque je décris un personnage, par exemple, je vais évoquer cette image que j’ai devant les yeux. Et faire référence à un acteur… Ou un personnage de cinéma. Mais c’est « organique », cela sort de ma cervelle comme ça. Je ne repasse pas ensuite sur mes textes en me disant « Ah tiens, ici, je glisserai bien un clin d’œil à la Tour Infernale, ou un jeu de mot sur Retour vers le futur.   

 

Combien de tomes vas-tu consacrer aux aventures de ces personnages ?

Aucune idée. Là je laisse un peu se reposer. Quelque part dans le fond de mon esprit, je sais que j’ai encore au moins deux histoires à raconter à leur propos. Peut-être que ces deux histoires n’en formeront qu’une seule lorsque j’aurai fini de les observer pendant assez longtemps ? Je sais juste que j’ai envie de les retrouver. Mais pas tout de suite.

 

Quelle place prend la documentation dans ton écriture ?

Trop peu. Parce que je suis paresseux. Même si je sais que des éléments sont disponibles facilement, au travers du web, je ne suis pas un enragé de recherche. Si je « cale » vraiment sur un élément très technique, ou un élément géographique, je me force à chercher. Un horaire d’avion, la taille d’un véhicule, les outils nécessaire pour telle ou telle intervention chirurgicale. Mais dans la plupart des cas, j’avoue, je fais « semblant que je sais ». Un peu comme les vendeurs d’électroménagers qui ont toujours une sœur, un ami, ou un parent qui vient juste d’acheter le lave-vaisselle que vous convoitez. Si on écrit avec assez de conviction… Hé hé hé… Un écrivain, c’est toujours un peu un menteur, non ?

 

Tu as l’art de mettre en scène des personnages horribles. Comment t’y prends-tu ?

Je ne sais pas, mais apparemment, ça touche le lecteur. Pas plus tard que la semaine dernière, j’en encore eu droit à « Mais tu es vraiment tordu hein ? ». J’ai envie de répondre « Oui, oui bien sûr » avec un sourire. Je pense que les lecteurs n’ont pas toujours conscience du plaisir que cela procure de jouer avec des personnages terribles. Le monde qui nous entoure, heureusement, est majoritairement constitué de gens équilibrés. Un écrivain peut se mettre dans la tête de n’importe qui. Alors, évidement, c’est plus drôle de se glisser dans la peau de quelqu’un qu’on ne sera jamais ! Écrire le personnage du héros, c’est sympa… mais cela peut vite devenir monotone. Par contre, le méchant que rien n’arrête… Le type qui n’a pas de compas moral, qui ose bousculer toutes les limites, sans complexe… Demandez à n’importe quel acteur, il sera plus enclin à interpréter un salaud fini qu’un chevalier blanc. Je pense aussi que c’est un moyen d’exorciser les choses que me font peur. Et puis écrire, c’est toucher les gens. Provoquer chez eux des réactions. Et pour provoquer une réaction, il faut créer des ruptures. Certains adorent les ruptures « positives », moi j’aime les ruptures « négatives », les trucs horribles, qui perturbent un peu le sommeil.  

 

Doit-on frémir à l’idée de te rencontrer ?

Je pense que le plus grand risque en me rencontrant, c’est de mourir de rire. A l’inverse de ce que mes deux thrillers pourraient laisser paraître, je suis surtout un « amuseur ». J’aime regarder le monde à travers la lorgnette de l’humour (parfois très noir…) et me rencontrer, c’est découvrir cette facette de ma personnalité qui ne transparait peut-être pas toujours dans mon écriture (même si mes polars liégeois, les aventures de Sam Chappelle sont plus humoristiques… mais diffusés moins largement…). Donc, n’ayez pas peur… Personne ne s’est jamais plaint de m’avoir rencontré. Enfin si, aucune n’a survécu assez longtemps pour le raconter.

 

Peux-tu nous parler de ton prochain tome sans en dévoiler trop ?

Ma prochaine sortie est pour le milieu février. Cela s’appelle Le voleur de lunettes et c’est un court polar qui est destiné, avant tout, aux lecteurs adultes qui apprennent le français. C’est dans une collection qui s’appelle « La Traversée », aux Éditions Weyrich, et c’est un projet qui s’est étalé sur près de deux ans… Un véritable exercice de style. Ensuite, j’ai signé, mais je n’en ai pas encore parlé sur mon blog « SCOOOOP !!! » avec Emmanuel Gob et Multivers Éditions pour la ressortie digitale de Virtual World, mon premier roman, dans une version que je vais remanier en profondeur, surtout du point de vue de la technologie. Ensuite, je pense que je vais – enfin ! diront certains –, m’atteler à la rédaction d’une troisième enquête de Sam Chappelle, dont le titre de travail est La loge du prince. Je ne manque donc pas de projets pour les mois à venir.

 

Critique de La matrice des ténèbres

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