Rama, l'intégrale

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J’ai toujours apprécié les auteurs qui savent envisager les conséquences possibles, probables ou simplement potentielles des actions de leurs héros ou d’évènements importants comme un tremblement de terre, une météorite, une catastrophe naturelle… ou le passage dans notre système solaire d’un vaisseau extraterrestre. Tirer toutes les conséquences de tels évènements demande à l’auteur de mettre en danger sa création et lui impose de ne pas s’arrêter à des considérations comme l’affection qu’il lui porte, ou la satisfaction d’avoir su créer un monde imaginaire stable et viable. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Sir Clarke a toujours su agir de la sorte.

Ce vaisseau extraterrestre donc, baptisé Rama en raison de la classification des objets stellaires inertes – ce comme quoi il fut d’abord identifié – est repéré à temps pour permettre en catastrophe de procéder à une interception, suivie d’une exploration sommaire. Les chanceux explorateurs y effectueront des découvertes qui affecteront notablement la terre… et l’humanité.

 

Ce qui plaît dans ces deux livres, rassemblant l’intégrale des quatre romans Rama – décrivant le passage par notre système solaire de trois vaisseaux similaires et les réactions terriennes – c’est en premier lieu l’excellente idée de l’éditeur de reprendre la présentation sobre et efficace propre aux anciennes éditions, qui entretient une certaine idée d’intemporalité. Les deux pavés de cinq centimètres d’épaisseur sont bien présentés, le format est agréable et la reliure suffisamment solide pour résister à une semaine de lecture… car c’est bien le temps qu’il m’a fallu pour venir à bout de ces romans, devenus des classiques de la science-fiction.

Venir à bout, l’emploi de ces termes peut surprendre, mais m’apparaît parfaitement adapté, tout comme d’ailleurs celui de monument, que le lecteur gravit à une allure nécessairement lente, s’il veut en voir le sommet. Malgré une lecture habituellement très soutenue, j’ai été happé par une écriture lente et lancinante, propre aux romans d’Arthur C. Clarke – au nombre desquels figure la bien connue Odyssée de l’espace – laquelle transporte le lecteur à son rythme et sans qu’il puisse en modifier le tempo.

Ne vous y trompez pas, ceci n’est pas une critique. Ces romans sont passionnants, riches de descriptions, de sentiments… et d’analyse de la nature humaine. Car ce sont avant tout des romans humains, qui tendent vers l’exploration de la psyché face à des situations extrêmes, plus que des écrits de science-fiction classique, pleins de scènes d’action ou de rebondissements. Là où d’autres se seraient contentés de décrire une situation, les auteurs de Rama en analysent les tenants et aboutissements, tant concernant les héros que leur entourage ou même le monde duquel ils sont issus.

Mais il m’apparaît honnête de signaler que peu de lecteurs trouveront ces livres d’un abord aisé, justement en raison de cette lenteur.

 

Quant à vous livrer une critique du fond de ce roman, j’en serai bien incapable. Rappelez-vous qu’il s’agit d’un roman d’analyse de la nature humaine et imaginez de quoi vous seriez capable, confronté à une situation extrême. Puis, multipliez par dix cette première estimation, avec une pincée de pessimisme voire de cynisme et vous aurez un compte à peu près juste. Placez ensuite quelques personnalités complexes dans la marmite et faites chauffer après avoir fermement soudé le couvercle. Imaginez enfin ce bouillon de culture méthodiquement décrit et analysé par un auteur n’ayant jamais craint de mettre sa création en péril et vous obtiendrez Rama. Une peinture sans concessions de la déplorable propension de l’homme à saccager tout ce qu’il touche, tout en étant parfois capable d’une immense noblesse.

Une chose est certaine, les amateurs de L’Odyssée de l’espace trouveront dans ces romans une nouvelle perle de ce prolifique auteur maintes fois récompensé pour ses œuvres.

Arthur C. Clarke Gentry Lee, RAMA, l’intégrale, Traduction : Didier Pemerle, Jean-Pierre Pugi, Couverture : Tomislav Tikulin, J’ai Lu

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