CHAUMETTE Jean-Christophe 01

Auteur / Scénariste: 

En quelques mots, le pitch du Dieu Vampire ?

Une équipe de scientifiques exhume le tombeau de Gengis Khan en Mongolie. Un étrange ovoïde, découvert dans le mausolée, intrigue Sophie, un des membres de l’expédition. En Suisse, un psychiatre réputé envoie à son fils Christian, avant d’être assassiné, des documents obtenus auprès d’un moine roumain, dans lesquels il est question de l’Ordre du dragon, une confrérie dont Vlad Tepes, plus connu sous le nom de Dracula, fut un des grands maîtres.

Sophie enquête pour découvrir la véritable nature de l’ovoïde, Christian pour comprendre les raisons de la mort de son père. Ils vont apprendre que l’Ordre du dragon est à l’origine du mythe des vampires et devront affronter ensemble ses membres, résolus à récupérer l’ovoïde, qui pour eux est source de plaisir et de pouvoir et qu’ils vénèrent comme un dieu. Mais pour remporter la bataille, Sophie et Christian devront accepter de payer un prix très élevé.

Un livre avec des vampires... Ce n’est pas un peu opportuniste ?

« Le Dieu Vampire » a été publié en 2010, mais je l’ai écrit il y a environ sept ans, avant le tsunami de la « bit-lit ». A l’époque, j’ai même hésité à l’intituler « Xenos », sans faire donc référence aux vampires dans le titre. Pour moi, c’était juste un mythe du monde de l’Imaginaire que je m’amusais à remodeler, comme je l’avais fait pour le Diable, l’Apocalypse ou les « Petits Gris ».

On pourrait penser que c’est l’éditeur qui s’est montré opportuniste, mais justement ce genre de thème est à cent lieues de ce qu’ils voulaient publier, et il a fallu qu’ils aiment vraiment le manuscrit pour accepter ce roman aux côtés de leurs autres bouquins.

Donc, très sincèrement, il n’y a pas eu d’opportunisme, ni de la part de l’auteur, ni de celle de l’éditeur.

Plus sérieusement, comment aborde-t-on l’écriture d’un livre sur/avec des vampires après les millions de pages déjà écrites sur le sujet ?

Justement, ce qui est intéressant, c’est ce défi : comment se montrer original ? Comment se démarquer des autres ? Je pense que c’est ma passion pour l’Histoire qui m’a aidé. J’ai décidé de partir du personnage historique de Dracula, Vlad III de Valachie dit Vlad Tepes (l’empaleur) dit « Draculea » (le fils du dragon ou le fils du diable selon les interprétations), plutôt que de partir du mythe des vampires. Cela m’a permis de me diriger dans une direction très différente de celles déjà empruntées.


Vous étiez, dans les années 90, une valeur montante de la collection Terreur/Pocket et puis... ?

Et puis Patrice Duvic, le directeur de cette collection, a été poussé à la démission par une direction qui voulait le faire partir. J’aimais beaucoup Patrice, quelqu’un d’atypique et de passionnant, qui avait construit au fil des années quelque chose qui marchait bien. Il a subi toutes sortes de misères jusqu’au jour où il en a eu marre. Disons que le refus de publier mes manuscrits faisait sans doute partie de cette stratégie employée contre Patrice. J’ai passé une période où j’étais vraiment écoeuré par le monde de l’édition et j’ai laissé l’écriture de côté. Maintenant Patrice est mort, j’espère que là où il est, il sait que le roman qu’il voulait publier est sorti, et que je pense souvent à lui.

Vous avez, par ailleurs, une activité professionnelle prenante, puisque vous êtes vétérinaire. Comment organisez vous votre temps d’écriture ?

Heureusement je peux me permettre maintenant de me faire remplacer et d’être moins pris par mon activité professionnelle. La question que je me pose souvent est plutôt : comment ai-je fait avant pour réussir à écrire tous ces romans en travaillant autant à côté ?

Avec ce « Dieu Vampire », vous tentez également l’aventure avec un tout jeune éditeur... Quelques mots ?

Disons que ce nouvel éditeur m’a réconcilié avec le monde de l’édition. C’est une équipe sympa, dynamique, compétente, qui a de bonnes idées. Après, la réussite, d’un auteur ou d’un éditeur d’ailleurs, c’est un truc mystérieux dont personne n’a pu percer les secrets. Je crois qu’il est facile d’identifier tout ce qui peut permettre de se planter ; faire du bon boulot, c’est éviter ces écueils. Par contre, ensuite, rien ne garantit le succès. En tous cas, tenter cette aventure avec L’Editeur est plaisant, pour la suite, « In’ch Allah ».

Dans quelle mesure "l’équipe" de votre éditeur a-t-elle travaillé sur votre roman ? Y a-t-il eu un processus d’édition à l’américaine, ou le manuscrit a-t-il subi peu de changements ? Le temps écoulé depuis la première écriture a-t-il nécessité de nombreuses adaptations ?

Le directeur littéraire de L’Editeur, Emile Brami, est lui-même écrivain. Il est extrêmement respectueux du travail d’écriture, et a pour principe de ne pas demander à un auteur de lourdes modifications, encore moins de les exiger. Soit il aime et il édite, soit il n’aime pas et il refuse. Cela dit, il m’a fait des remarques dont j’ai tenu compte, mais les changements ont été vraiment très minimes, deux ou trois phrases rajoutées tout au long du texte, essentiellement pour préciser de façon très claire certaines données sur la nature des vampires. Mais le manuscrit est quasiment celui que j’avais écrit il y a sept ans.

Ce "jeune éditeur" se lance dans le support papier... Alors que les bruissements de l’édition "électronique" se font de plus en plus insistants, investir dans le "papier" ce n’est pas avancer à contre-courant ?

Personnellement, je ne pense pas que l’objet livre disparaîtra. Il me semble que l’édition électronique devrait avoir logiquement un grand avenir dans le domaine des manuels scolaires, et d’une manière plus générale pour tout ce qui a trait à l’enseignement et à la recherche. Le roman, c’est autre chose. La couverture d’un roman a une grande importance. L’objet, son apparence, ont une grande importance. Il y a un côté un peu magique qui n’existe pas avec le support électronique. Ce nouveau support est bon pour de l’information, pas pour du rêve.

Je trouve que le "traitement" et le style littéraire que vous appliquez à vos "vampires" se rapproche de celui de « La Lignée » de G. Del Toro et Chuck Hogan... Vous avez lu ce livre ?

Je l’ai lu. J’en attendais beaucoup, car j’adore les films de Guillermo Del Toro, et j’avais vu plusieurs trucs positifs sur ce livre. Du coup j’ai été un peu déçu. Peut-être est-ce dû aussi au fait que « La Lignée » n’est que le début d’un cycle et pas une histoire achevée en elle-même.

Dans le même esprit, avez-vous un, ou plusieurs, romans vampiriques de chevet ?

Ceux qui sortent vraiment des sentiers battus, ceux qui réinventent le mythe. « Je suis une légende » de Matheson (adapté trois fois au cinéma !) et « L’échiquier du mal » de Dan Simmons.

A l’heure où j’écris ces lignes, nous en sommes en tout début juillet, avez-vous déjà quelques échos de l’accueil du roman ? Chez les fans de vampires ? Chez les libraires ?

D’assez nombreuses critiques sont parues sur le Net, rapidement. Elles sont plutôt très élogieuses, et ce qui me fait également plaisir, c’est qu’elles émanent aussi bien de passionnés de vampires satisfaits de voir le mythe « bousculé » et renouvelé (Vampirisme.com) que de puristes de la SF (actusf) voire de puristes ne cachant pas leur aversion pour la bit-lit (noosfere) et ravis de constater qu’il s’agit de tout autre chose, d’amateurs de toutes les littératures de l’imaginaire (wagoo), de fans de polar (mystère jazz), de lecteurs de tous types de romans mais quand même bien orientés fantastique et fantasy (place-to-be) et de critiques absolument pas spécialisés dans les littératures de genre (Boojum, ActuaLitte).

Le roman a donc eu pas mal d’échos dans la sphère "critique", mais avez-vous eu l’occasion de recevoir des réactions de lecteurs ? Certains de vos "anciens lecteurs" Pocket vous ont-il retrouvé ?

Je suis quelqu’un de difficile à trouver ! Corinne Guitteaud souhaitait depuis longtemps rééditer « Le neuvième cercle » et elle ne parvenait pas à retrouver ma trace… Elle a réussi parce que je me suis récemment inscrit sur Facebook. Parfois je lis des réactions de lecteurs sur des forums de discussion, à propos des romans qui étaient sortis chez « Pocket ». Mais c’est un peu de la nostalgie de faire ça, et je n’aime pas trop regarder derrière moi, j’aime bien avoir les yeux tournés vers l’avenir.

Cependant, à propos de lecteurs qui finissent par vous retrouver, j’ai une anecdote amusante. J’ai écrit un roman historique (« Le pays des chevaux célestes ») sous le pseudo de Chris Jensen (à la demande de l’éditeur Ramsay, pas de ma propre initiative). J’ai créé une adresse mail Chris Jensen qui figure dans ce livre, et j’y ai reçu du courrier. Récemment, j’ai eu un mail d’un lecteur qui cherchait désespérément d’autres romans de Chris Jensen. Je lui ai répondu en expliquant qui j’étais, et qu’il n’y aurait plus de livres écrits par Chris Jensen, seulement des romans de JC Chaumette. Sa femme m’a demandé de lui envoyer une dédicace pour « Le Dieu Vampire » qu’elle lui avait acheté pour la fête des pères. Nous avons réussi à faire en sorte que ce soit une surprise, et elle m’a chaudement remercié, alors que je n’avais pas fait grand-chose en réalité… Ce type de réactions de lecteurs me fait vraiment plaisir, parce qu’elles procurent le sentiment qu’un auteur peut donner quelque chose de vraiment spécial à autrui, quelque chose que rien ne peut remplacer.

Quelques mots sur votre avenir littéraire ?

Les éditions Voy’[el] ont ressorti « Le peuple oublié », première partie de ma saga de Fantasy « Le Neuvième cercle ». Trois autres tomes vont suivre (« L’impossible quête », « La porte des ténèbres », « Le cercle des golems »), et en ce moment j’écris la suite (et fin) de ce cycle, soit les deux derniers tomes (au total il y en aura six) Je me replonge dans les univers et les personnages de ma jeunesse. Ce qui est amusant, c’est que j’ai fait vieillir et évoluer mon héros, tout comme moi j’ai vieilli et évolué.

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