Requiem des abysses (Le)

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Pour oublier le criminel qui a terrorisé Paris lors de l’Exposition universelle de 1900 et se remettre de leurs aventures, l’écrivain Guy de Timée et Faustine, la belle catin, se sont réfugiés au château d’Elseneur dans le Vexin. Mais là, dans une ferme isolée, une famille est assassinée selon une mise en scène macabre, alors que l’ombre d’une créature étrange rode dans les champs environnants…

Guy, dans sa soif de comprendre le Mal, de le définir dans ses romans, replonge dans ses vieux démons, endossant à nouveau ce rôle de criminologue, qui le conduit peu à peu, comme un profiler avant la lettre, à dresser le portrait du monstre. Pendant ce temps, à Paris, les momies se réveillent, les médiums périssent étrangement et les rumeurs les plus folles se répandent dans les cercles occultes…

Avec Leviatemps, paru en octobre dernier, Maxime Chattam avait dépeint avec véracité et sens du détail, le Paris de l’Exposition Universelle de 1900. Une reconstitution historique et sociale qui reléguait, hélas, les ressorts dramatiques dans la coulisse… Au point de donner au roman des allures de carte postale soignée… mais un rien figée.

Dans Le Requiem des Abysses, retour donc de Guy de Timée et sa gente compagne, cette fois dans un environnement champêtre. Mais l’atmosphère bucolique tourne rapidement au vinaigre lorsqu’un assassin sanguinaire s’attaque sauvagement aux familles isolées. Mise en scène sanglante, enquête minutieuse, étude du comportement et fascination du personnage principal pour les abysses du Mal… Il ne fait aucun doute que l’on est en plein univers « chattamiste ». Et cette fois, le décor ne prend pas le pas sur la narration ! Au contraire, puisque l’atmosphère toute particulière de cette campagne française du tout début du 19ème siècle s’avère un écrin de choix pour une histoire haletante, tissée de rebondissements et de scènes anthologiques : une traque organisée au cœur d’un champs de maïs et la visite d’une cave tapissée d’une collection « particulière » sont parmi ces moments forts où Maxime Chattam conjugue son talent de plus en plus affirmé d’écrivain, avec des images fortes et inoubliables. Pour le coup, on en oublierait presque de parler du troisième acte du roman, qui se déroule à nouveau dans le labyrinthe extraordinaire de l’Exposition de 1900… Et où se dévoile l’identité du véritable horloger responsable de la mécanique infernale initiée dans Leviatemps. En cela, ce Requiem est bien le second volume d’une histoire complète qui s’étend sur près de 900 pages. Et sur les derniers chapitres, se bouscule avec bonheur une réflexion sur la création, les obsessions, la morale, la justice… Et l’étonnante redondance des sursauts de notre civilisation moderne.

Fasciné par l’homme et ses failles, Chattam nous conduit, une fois de plus, au-delà du simple thriller et initie le débat sur la condition humaine, ses forces et ses faiblesses. Pas mal du tout pour un auteur qui est défini, comme quelques autres dans les médias traditionnel, comme un « simple » faiseur de best-sellers. Comme tout bon roman populaire, les œuvres de Maxime Chattam sont des reflets de notre civilisation.

Maxime Chattam, Le Requiem des Abysses, Albin Michel

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