Thongor T1

« La grande lune d’or de l’ancienne Lémurie brillait au-dessus d’un spectacle primitif d’une barbarie sauvage. Ses rayons d’or caressaient d’une lueur irréelle les terrifiantes ruines de l’antique cité d’Althaar ». Si ces phrases vous font frémir d’extase, alors, précipitez-vous. Ecrites de 1965 à 1970 dans la tradition d’E. R. Burroughs et de R. E. Howard, les aventures de Thongor relèvent de cette heroic-fantasy dont John Carter et Conan restent les héros immortels. Lin Carter est d’ailleurs célèbre aussi pour avoir achevé, compilé et écrit des Conan, avec son ami Lyon Sprague de Camp.

Les deux premiers romans étaient parus en français en 1976, à la Librairie des Champs-Elysées, dans la collection « Le Masque fantastique », dirigée par Jacques Van Herp. Le cycle complet, lui, dut attendre 1988 pour paraître aux Editions Albin Michel cette fois. Le voici réédité, en deux volumes de trois romans chacun. Les deux premiers relatent l’arrivée de Thongor en Lémurie, puis son ascension, la destruction de l’empire des Rois-Dragons et la fondation du Royaume des Trois Cités. Le troisième roman, Thongor contre les dieux, relate un complot de mages qui veulent détruire la puissance de ce nouveau venu. Ils s’allient et enlèvent sa femme Sania. Voici donc Thongor à la poursuite des ravisseurs, dans la plus pure tradition burroughsienne. Il parviendra à dompter le lourd zamph, sorte de rhinocéros, puis perdra connaissance sous l’effet du parfum délétère des plantes grises. Pendant ce temps-là, un sorcier capturera Samia et s’emparera de son âme. Thongor, bien sûr, finira par s’échapper, sauver Samia et attaquer la ville des mages rebelles à la tête de sa flotte aérienne, équipée d’un matériel anti-gravité. Matériel que les mages parviennent à annihiler.
Comment tout cela va-t-il finir ?

Si la trame est un peu conventionnelle, les mille aventures connexes entretiennent le suspense, pour le plus grand bonheur du lecteur qui se réjouit déjà des trois prochains romans, promis sous peu. J’ai lu ce troisième, après avoir lu les deux premiers il y a vingt ans, et j’y ai pris tout autant de plaisir. La fantaisie n’a pris aucune ride. Voilà de l’aventure pure, dans un décor de science-fantasy, destinée certes au simple divertissement, mais ô combien réussie. Le talent avec lequel l’auteur mène ces intrigues sont menées, couplé avec la science de l’évocation des décors, des paysages et des mondes étranges emporte tous les suffrages.
En son genre, un chef-d’œuvre, par Thalaba le Destructeur !

Lin CARTER, Thogor, tome 1, traductions par François Truchaud, Henry Fagne et André Graff, révisées par Merlin Jacques, ill. de couverture d’Alain Brion, Editions Mnémos 2012, 367 p., 23 euros