Block 46

Auteur / Scénariste: 

Falkenberg. Suède. Le commissaire Bergström retrouve le cadavre nu et gelé d’une femme aux abords de la plage d’Olofsbo.

Londres. Profileuse de renom, la ténébreuse Emily Roy enquête sur une série de meurtres d’enfants dont les corps sauvagement mutilés ont été abandonnés dans les bois d’Hampstead, au nord de la ville. Ils présentent les mêmes mutilations que la victime suédoise : trachée arrachée, yeux énucléés et un mystérieux Y gravé sur le bras…

 

La découverte d’un nouvel auteur est toujours une expérience particulière. Soit on se réjouit de voir débouler dans le jeu une plume intéressante, originale et divertissante… Soit on peste de voir que les rayons des librairies vont s’encombrer d’un nouveau concentré de poncifs faussement vendus sous l’étiquette du « phénomène original ». Avec « Block 46 » les éditions Bragelonne, qui dominent de la tête et des épaules le domaine de la fantasy, de la science-fiction ou encore de la bit-lit, tentent donc d’imposer un nouvel auteur dans un univers particulièrement encombré… celui du thriller/polar.

 

Alors ? Bonne pioche ? Ou coup d’épée dans l’eau ? Cessons immédiatement le suspense… Bonne pioche ! Excellente même si l’on considère que l’on se trouve là devant un premier roman. Johana Gusstawson jongle avec des éléments classiques, connaît bien les codes du thriller, comprend l’importance de jouer avec des personnages contrastés… mais elle sait surtout conserver un équilibre intéressant entre émotions et distance. Entre crédibilité du récit et respect des attentes du lecteur. Si les scènes incontournables pointent le bout de leur nez, elles se présentent souvent sous un angle original, où sont réduites avec intelligence à des versions épurées. Là où certains auteurs empruntent ces dernières années, le chemin d’une sorte de naturalisme, de jusqu’au-boutisme journalistique qui fini par lasser, « Block 46 » cultive l’art de la suggestion, de la référence… et fait confiance à l’intelligence du lecteur. Une observation qui vaut également pour la partie historique du roman, qui se déroule en grande partie dans un camp de concentration… l’auteur n’est pas là pour juger, mais pose le décor, les faits, les actes… Afin que l’horreur parle d’elle-même.

 

Un premier roman épatant donc, qui renoue avec une mécanique narrative qui rappelle Agatha Christie, tout en y intégrant toute la modernité et la distance de la littérature moderne.

 

Interview de Johana Gustawsson

 

Block 46 par Johana Gustawsson, Éditions Bragelonne

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