Au bal des actifs, demain le travail

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Disons-le tout net : cette anthologie ne se limite aucunement à l’évolution du travail, ou plutôt de l’emploi, mais vise toutes les transformations possibles de la société, toutes les formes d’utopies ou de dystopies (y a-t-il vraiment différence entre les deux mots, quelle utopie ne possède pas assez d’aspects négatifs, de « côtés sombres », pour être aussi une dystopie, et quelle dystopie ne conserve pas une lueur d’espoir, que ce soit dans sa chute ou dans son évolution ?).

 

Entre les différentes formes d’ubérisation de l’emploi et leurs conséquences, l’idée d’un monde sans travail réel et basé sur un revenu universel lié à des travaux fictifs, voire à une pure comédie, la transformation de la société passe par des changements dans la notion même de monnaie.

Univers monstrueux post-apocalyptiques ou univers truqués, luttes syndicales ou individualisme suicidaire, détournements de l’informatique vers l’asservissement des travailleurs ou vers leur libération, la variété des idées proposées interdit toute présentation à l’avance qui ne serait pas un gâchage.

 

Une exception : je ne crois pas gâcher le texte de Leo Henry, fort long, en le présentant. Il décrit les détours du travail littéraire, à plusieurs niveaux puisqu’il présente comme personnages deux auteurs et leurs visions du monde, en particulier de la Commune qui vient d’avoir lieu au moment de l’anecdote racontée, l’oubli par Goncourt dans le logement parisien loué par Flaubert d’un parapluie que celui-ci déclare dans une lettre à Flaubert avoir emprunté (à qui ? Le texte, qui évolue, changera sur ce sujet). Mais le niveau principal, celui qui justifie sans doute la présence de ce texte dans l’anthologie, c’est le travail de l’auteur et des correcteurs auxquels les versions successives de la nouvelle sont proposées. En quoi cette étude, fort intéressante, répond-elle au sous-titre de l’anthologie ? Il n’y a, ou je n’y ai pas vu, de réflexion sur les formes nouvelles ou futures du travail. Même si on peut douter de la pertinence de sa présence, je ne l’en apprécie pas moins, car elle offre ces deux degrés de réflexion.

 

La postface de Sophie Hiet reprend les différents textes et les met en perspective. Eviter de la lire avant les textes, je pense.

 

Au bal des actifs, demain le travail, anthologie réalisée par Anne Adàm. Nouvelles de Stéphane Beauverger, Karim Berrouka, David Calvo, Alain Damasio, Emmanuel Delporte, Catherine Dufour, Leo Henry, L. L. Kloetzer, Li-Cam, Iuvan, Norbert Merjagnan, Ketty Steward, La Volte, 2017, 614p.,  20€,  978-2-37049-034-6

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