Abysses (Les)
Yetu est historienne chez les Wajinrus. C’est-à-dire qu’elle doit porter le poids des souvenirs de toute son espèce. Et cette espèce est particulière, puisque les Wajinrus sont des poissons des profondeurs, nés on ne sait comment des ventres des femmes noires enceintes jetées à la mer par les vaisseaux négriers. Le livre raconte comment Yetu va essayer d’abandonner le fardeau de la mémoire, et ce qui s’ensuivra. Dans un monde futur où la mer a presque anéanti les « deux-jambes », les humains.
Ce très curieux roman s’inscrit en fait dans un ensemble d’œuvres nées à partir d’un mythe afrofuturiste, Drexciya, civilisation sous-marine imaginée en 1990 par le duo de ce nom de la scène techno de Détroit. Mythe repris en 2017 par un groupe de « hip-hop » clipping dans le single The Deep. Le roman de Rivers Salomon, paru en 2019, poursuit le jeu que clipping qualifie de « téléphone arabe ». Le résultat en est donc curieux, et inattendu.
Et porte à s’interroger sur ce qui caractérise l’humain. C’est donc de la pure SF.
Les abysses, par Rivers Salomon, traduction de Francis Guévremont, Forges de Vulcain, Fictions, 2020, 200 p., couv. Elena Vieillard, 18€, ISBN 978-2-373-05091-2