Philofictions, des itinéraires alternatifs pour la planète

L’idée que la science-fiction, ou au moins sa partie « fiction spéculative », est en fait la forme actuelle de la fiction philosophique, dont Platon a été le premier théoricien et, avec certains textes comme celui sur l’Atlantide, illustration des théories énoncées dans La République, un des premiers praticiens, n’est pas vraiment le sujet de ce livre, même si l’auteur rappelle cette donnée. La racine « philo » évoque plutôt l’amour du monde et se réfère donc à l’esprit aujourd’hui qualifié d’écologique qui sous-tend un certain nombre d’œuvres de science-fiction dont Ariel Kyrou va en évoquer quelques-unes, en particulier Le ministère du futur, de Kim Stanley Robinson, les œuvres de Becky Chambers, celles d’Octavia Butler, celles de Li-Cam, celles de Philip K. Dick, et une œuvre que je crois être la meilleure de Marion Zimmer Bradley, La vague montante, parue dans Fiction dans les numéros 40 à 42 sous le titre Marée montante, reparue sous le même titre chez Néo accompagnée de deux autres novellas, elles aussi parues dans Fiction, dont la merveilleuse La Rhu’ad, et reparue dans la collection Dyschroniques du Passager clandestin sous le titre mieux traduit de l’original.

En plusieurs chapitres, l’essai analyse donc ces œuvres, dont les rappels serviront d’interludes entre les chapitres d’analyse, et ce qui distingue ces fictions positives et leur usage « efficient », c’est-à-dire poussant à l’action, des « schizofictions » complotistes et réactionnaires, celles qui, de plus, se présentent comme des pseudo-réalités ou des propagandes. Bien que présenté comme un rapport de recherche universitaire, plus que les autres livres d’Ariel Kyrou, il se veut néanmoins accessible au lecteur non spécialiste du sujet et essaye également de rendre accessibles à ce lecteur non universitaire les travaux des chercheurs auxquels il se réfère. Pour ceux qui, comme moi, ont déjà une certaine connaissance des sujets traités, aucun problème. J’espère qu’il en sera de même pour le lecteur « lambda », que ce livre devrait, pour le moins, inciter à lire les œuvres citées…

Et, pourquoi pas, aussi les autres essais dAriel Kyrou, Dans les imaginaires du futur, ABC Dick et Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy (avec Jérôme Vincent).

Philofictions, des itinéraires alternatifs pour la planète, par Ariel Kyrou, MF, 2024, 253 p., 18€, ISBN 978-2-378-04078-9